Chronique des matières premières

Guerre en Ukraine: le marché du sucre en sursis

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Bonne nouvelle pour les consommateurs, la guerre en Ukraine n’a pas fait s’envoler les cours du sucre. Mais à moyen terme, les répercussions sur la filière pourraient être nombreuses, du fait notamment de l’envolée du prix des engrais.

Une récolte de canne à sucre.
Une récolte de canne à sucre. © CC0 Pixabay/Contributeur
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Face à un marché mondial du sucre qui se porte bien depuis des mois, la guerre en Ukraine n’a pas encore eu d’impact majeur. La production ukrainienne de sucre est en effet négligeable et elle influe donc peu sur les marchés. La Russie est, de son côté, autosuffisante, et ne devrait pas souffrir de la perturbation des échanges commerciaux.

La récolte brésilienne de canne à sucre qui vient de débuter la semaine dernière s’annonce par ailleurs prometteuse : 550 millions de tonnes, selon les estimations, contre 525 l’année dernière. Même si, au vu des prix du pétrole, plus de la moitié de la canne brésilienne sera affectée à la production d’éthanol, le pays devrait produire plus de sucre qu’en 2021.

Le coût des engrais pèse déjà

Ces facteurs expliquent, à eux seuls, que les cours n’aient pas flambé. Ils se maintiennent à un niveau déjà élevé, entre 18 et 20 cents la livre, et offrent un niveau rémunérateur pour les cultivateurs.

Mais l’envolée des cours de l’énergie et des engrais, accentuée par l’opération militaire russe, pourrait tendre le marché et peser sur la filière. La campagne actuelle est assurée, mais l’incertitude sur les volumes est totale pour la suivante. Les agriculteurs brésiliens qui dépendent à 25 % des engrais russes vont devoir trouver des alternatives d’approvisionnement et payer plus.

Le coût de l’énergie, un handicap pour les betteraviers

Idem pour les betteraviers européens, qui ont déjà dépensé 15 % de plus à ce stade, en engrais. « On ne sait pas faire sans, pour l’instant », explique Timothée Masson secrétaire général de l’Association mondiale des producteurs de betteraves et de canne à sucre, qui plaide pour une suppression des tarifs douaniers imposés par l’UE sur les importations d’engrais.

Les sucriers aussi se préparent à souffrir : au vu de l’augmentation du prix du mégawatt-heure, ils risquent de voir leur coût de transformation augmenter de 40 %. Les producteurs de canne à sucre, en revanche, sont épargnés sur le plan énergétique puisqu’ils produisent leur propre combustible : la bagasse, le résidu de canne à sucre. Une aubaine qui pourrait se traduire par une compétitivité plus forte, au détriment des betteraviers.

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