Chronique des matières premières

Trop cher, le café éthiopien peine à se vendre

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Rien ne va plus chez le premier producteur de café africain. L'arabica éthiopien trop cher par rapport au prix du marché mondial a du mal à se vendre et les stocks s'accumulent.

Du café récolté en Éthiopie. (Image d'illustration)
Du café récolté en Éthiopie. (Image d'illustration) Getty Images - Anthony Pappone
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Cette campagne éthiopienne de café s'annonce « catastrophique » pour reprendre les mots d'un négociant. Les prix éthiopiens sont en tel décalage avec le marché mondial, que les sacs de cerises séchées du premier producteur de café du continent ne se vendent plus. Traditionnellement, le marché intérieur absorbe le trop-plein, mais les invendus sont devenus trop importants. D'autant que le café qui ne se vend pas cette année s'ajoute aux énormes stocks de l'année dernière. Il n'y a pas de statistiques officielles, mais certains estiment les stocks de la précédente campagne qui ne se seraient pas vendus à 2 000 conteneurs - de 18 tonnes environ.

Mauvaise anticipation du marché

À la base de cette crise du café, un expert de la filière locale décrit un emballement général, à commencer par une mauvaise compréhension du marché. Les districts inspirés par les cours de l'année dernière auraient fixé des prix d'achat au producteur trop élevés. Les collecteurs, ceux qui achètent les cerises fraîches de café au producteur, auraient à leur tour suivi la dynamique avec parfois des bonus. « Certains ont pu surpayer le kilo de cerises, pensant que ce serait compensé par une dévaluation qui était dans l’air, mais qui n’est pas finalement pas venue », explique un de nos interlocuteurs.

Par endroit, des collecteurs ont payé deux dollars pour un kilo de cerises fraîches alors qu'il en faut six kilos pour obtenir un kilo de café. Un prix impossible à répercuter sur un marché mondial à la baisse. Résultat, le café éthiopien est presque devenu « invendable ». Pour ne citer qu'un exemple, une maison de négoce qui à cette époque avait acheté l'année dernière 800 conteneurs n'en a acheté que 200 à ce jour.

L'arabica délaissé pour le robusta

Ce contexte difficile pâtit aussi d'une demande en berne. Les importateurs ont des stocks importants et les torréfacteurs ont une très forte pression pour proposer de meilleurs prix. Leur choix se porte de plus en plus sur de l'arabica de moindre qualité et surtout sur le robusta.

Dans ce climat baissier pour l'arabica, des opérateurs vont forcément perdre de l'argent en Éthiopie. Des exportateurs, certainement, mais aussi des collecteurs qui à un moment vont être contraints de vendre leur stock à perte. Ces collecteurs peinent déjà à rembourser les banques qui avaient préfinancé leurs achats, et courent le risque de ne pas obtenir de crédit pour la prochaine récolte.

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