Biocarburant, un marché en plein essor grâce au secteur de l'aérien
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Le boom des biocarburants nouvelle génération est tel que la bible française des matières premières, le rapport Cyclope, qui vient de sortir, y consacre cette année pour la première fois un chapitre. L'essor de ces carburants plus verts a provoqué l'explosion du marché des huiles de cuisson usagées.
Le développement des biocarburants n’est pas récent, mais le secteur est en train de « se réinventer complètement » explique Jean-Benoît Deloron consultant pour S&P Global Agribusiness, auteur du chapitre sur les biocarburants dans la dernière édition du rapport Cyclope publiée ce mois de mai 2024, avec l’émergence d’une nouvelle génération de produits à base d’huile, végétale ou animale -contrairement au bioéthanol issu de l’alcool de plantes telles que la canne à sucre.
Le moteur de ce marché est l’essor du diesel renouvelable en Europe, au Canada et aux États-Unis - dont la production a vraiment démarré en 2028/2019 - et l’essor des carburants à faible émission de CO2, pour l’aviation, les SAF en anglais, pour Sustainable Aviation Fuel. « Presque tous les pays qui ont des compagnies aériennes développées s’y mettent » explique l’expert, soit volontairement, soit parce qu’elles sont poussées par des obligations réglementaires d’incorporation d’un pourcentage de carburant durable, à l’image de la réglementation qui a été votée fin 2023 au Parlement européen et qui fixe un quota graduel de SAF à incorporer à compter de 2025 pour atteindre un objectif 70 % à l’horizon 2050.
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Course aux matières premières « bas carbone »
La tendance de la filière est de valoriser de plus en plus l’utilisation de déchets et de résidus. Pendant longtemps, les huiles végétales étaient la matière principale des biocarburants : aujourd’hui, transition environnementale et énergétique oblige, on valorise de plus en plus les produits comme l’huile de cuisson usagée, mais aussi des co-produits de l’huile de palme comme le PFAD (Palm Fatty Acid Distillate) ou le POME (Palm Oil Mill Effluent), détaille le rapport Cyclope.
Il y a trois ans, moins d’un million de tonnes d’huile de friture étaient commercialisées dans le monde, aujourd’hui, on parle de trois à quatre millions de tonnes. La demande est telle que les États-Unis n’arrivent plus à répondre à leurs propres besoins, et importent désormais des huiles usagées de Chine pour produire des biocarburants en Californie.
Rapprochement stratégique entre négociants
L’engouement est le même pour les graisses animales, qui répondent plus au qualificatif de co-produit que de déchets. Elles sont considérées comme « le nouvel or des biocarburants ». Dans le secteur, le Brésil et la Nouvelle-Zélande sont devenus des exportateurs qui comptent.
Ces matières premières, dites bas-carbone, sont de plus en plus demandées, d’autant qu’elles bénéficient de subvention aux États-Unis. Mais faute d’offre suffisante, les fabricants de biocarburants nouvelle génération sont toujours dépendants des huiles végétales conventionnelles, que ce soit le colza, le soja ou l’huile de palme.
C’est d’ailleurs ce qui justifie le rapprochement entre négociants en hydrocarbures et négociants en produits agricoles afin de garantir l’approvisionnement des uns grâce aux matières premières des autres. Les États-Unis en sont la parfaite illustration, avec plusieurs partenariats signés entre Bunge, un négociant en grains, et Chevron la deuxième compagnie pétrolière du pays.
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