Chronique des matières premières

Les pays de l'Opep+ échouent à faire remonter les cours du pétrole

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L'Opep+ change de stratégie et décide d'attendre deux mois de plus pour relancer sa production. Le nombre de barils mis sur le marché chaque jour ne devrait remonter qu'à partir de décembre et non plus octobre. Mais la demande est si morose que même cette décision n'a pas bousculé les cours du baril de brut.

La façade du siège de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, l'OPEP, à Vienne, en Autriche, le 3 mars 2022.
La façade du siège de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, l'OPEP, à Vienne, en Autriche, le 3 mars 2022. AP - Lisa Leutner
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L'Opep+, qui regroupe aujourd'hui 22 membres, avait prévu de rouvrir ses robinets à partir d'octobre dans l'idée de remettre sur le marché progressivement d'ici à un an 2,2 millions de barils par jour.

Mais l'été est passé par là et la relance de la consommation portée par les vacances et ce qu'on appelle aux États-Unis la « driving season » n'ont pas réussi à redresser les prix du brut. Le WTI, référence du pétrole américain, est passé sous la barre des 70 dollars et le Brent, référence européenne de l'or noir, a atteint début septembre son plus bas niveau depuis décembre 2023. Une tendance qui a incité huit des 22 membres du cartel (l'Arabie saoudite, la Russie, l'Irak, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, l'Algérie et Oman) à ne pas rouvrir les vannes aussitôt que prévu.

Signaux économiques négatifs

La raison économique l'a emporté mais n'a pas réussi à donner un coup de fouet au marché. Au contraire, puisque la baisse des prix s'est poursuivie après l'annonce du cartel. Les prix n'avaient pas non plus été impactés ces derniers jours par l'annonce de la baisse massive des stocks américains. Peut-être parce qu'elle était moins forte que prévue ou parce que la baisse des volumes d'essence livrés au marché américain à ce moment-là l'avait emporté dans les esprits.

Les indices d'une demande qui fléchit aux États-Unis font écho à une consommation mondiale morose, en lien avec une détérioration de la situation macro-économique. En particulier en Chine, moteur principal de la croissance de la demande en pétrole.

Une stratégie à double tranchant

L'évolution de la consommation est si incertaine que l'organisation se réserve déjà la possibilité de revoir son nouveau calendrier si nécessaire. 

Cette stratégie de l'Opep+, focalisée sur une remontée des prix, interpelle des observateurs : à force de retenir son pétrole sous terre, « l'organisation perd des parts de marchés face à d'autres pays qui ne sont pas membres du cartel, tels que les États-Unis et de nouveaux acteurs, comme Brésil ou le Guyana », relève Hamad Hussain un analyste de Capital Economics, cité par l'AFP. 

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