Approvisionnement en uranium: l'Occident sous la menace de la guerre en Ukraine
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La guerre en Ukraine rebat la carte des approvisionnements mondiaux, et en particulier celui de l'uranium. Plus le temps passe, plus il y a des raisons légitimes de croire que l'Occident pourrait pâtir du conflit.

Le premier signal d'alarme de cette rentrée a été tiré par le directeur général de Kazatoprom, la société étatique du Kazakhstan, qui produit à elle seule la moitié des volumes du pays : le responsable a expliqué que les acheteurs asiatiques étaient de si bons clients qu'il serait très facile de leur vendre l'essentiel de la production du groupe.
Par souci de diversification, le minier kazakh dit vouloir cependant maintenir ses exportations vers les États-Unis et l'Europe, même si la logistique s'avère plus complexe. L'année dernière, Kazatoprom a encore envoyé la moitié de sa production vers ces destinations occidentales.
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Incertitudes sur la production kazakhe
Mais jusqu'à quand le Kazakhstan résistera-t-il à la pression de la Russie ? La question est d'autant plus légitime que le géant russe Rosatom détient des parts dans cinq des 14 gisements de Kazatoprom, selon le Financial Times.
Les besoins croissants en uranium de la Russie et de la Chine pour alimenter leur programme de développement nucléaire sont un autre argument qui ne plaide pas en faveur de l'approvisionnement de l'Occident. L'incertitude sur la production kazakhe n'arrange rien : Kazatoprom a abaissé le mois dernier, lors de la présentation de ses résultats semestriels, ses prévisions de 17 % pour 2025, en raison d'un manque de visibilité sur l'approvisionnement en acide sulfurique et de retards pris dans la construction d'infrastructures. Le groupe a, par ailleurs, décidé de n'annoncer ses plans de production pour 2026 que l'été prochain.
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Menace de restrictions russes à l'exportation
La question des volumes à l'exportation disponibles pour les marchés occidentaux se pose donc plus que jamais, même si Kazatomprom assure pouvoir honorer tous ses engagements l'année prochaine et même si les européens ont « depuis fort longtemps diversifié, à travers la planète, leur approvisionnement en uranium naturel », explique un expert de la filière.
Le sujet est encore plus d'actualité depuis que le président russe Vladimir Poutine a demandé le 11 septembre à son gouvernement d'étudier l'opportunité de limiter des exportations d'uranium, mais aussi de nickel et de titane. Une déclaration en réponse aux sanctions prises par l'Occident et qui ne serait pas sans conséquence si elle se concrétisait : Rosatom contrôle près de la moitié de la capacité mondiale d'enrichissement d'uranium et compte, parmi ses clients, les États-Unis et l’Europe.
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