Pourquoi la récolte américaine record de maïs ne fait pas flancher les prix?
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La récolte de maïs américaine n'est pas encore terminée, un peu plus de 70% des grains sont récoltés, mais elle s'annonce exceptionnelle. Dans le dernier rapport américain du ministère de l'Agriculture, daté de septembre, elle était estimée à 427 millions de tonnes, un record absolu. Ces chiffres, qui s'ajoutent à une grosse production au Brésil, n'ont pas pour autant fait baisser les prix du grain jaune.

Depuis deux mois et demi, les prix du maïs sont en hausse, malgré l'annonce d'une récolte abondante. Parmi les facteurs qui soutiennent les prix, il y a la forte demande de transformation de maïs en éthanol, aux États-Unis, qui permet aux agriculteurs d'écouler une partie de leur production, explique Gautier Le Molgat, président d'Argus Media France.
Les ventes à l'international sont également nettement meilleures que l'année dernière, à la même époque, même si la paralysie de l'administration publique a touché les services statistiques du ministère américain de l'Agriculture. À cause de cette paralysie, seuls des chiffres partiels d'exportation sont disponibles. Selon le site Trading Economics, les ventes américaines se sont intensifiées en direction du Mexique, du Japon, de la Corée du Sud et de la Colombie.
Des prix qui restent peu rémunérateurs
On peut ajouter des préoccupations climatiques et sanitaires qui pourraient faire baisser localement les rendements. Les prix sont aussi maintenus par la stratégie de rétention des agriculteurs qui préfèrent attendre en espérant des niveaux plus rémunérateurs, explique l'expert d'Argus Media.
À titre d'exemple, les producteurs de maïs de l'Iowa qui louent des terres ont besoin cette année, selon l'agence Reuters, de 4,58 dollars par boisseau-unité qui vaut 25,4 kg, pour atteindre le seuil de rentabilité. En juillet, ce prix était de 4,29 dollars et en août, de 3,96 dollars, selon les dernières données disponibles du ministère américain de l'Agriculture (USDA).
Comme le soja, le maïs suspendu à un accord USA-Chine
Le maïs et le blé ont tendance à évoluer dans la même direction que le soja. Mais ce qui va jouer dans les prochains jours et peut-être à plus long terme, c'est l'issue de la rencontre prévue jeudi entre Donald Trump et Xi Jinping.
La confirmation d'une désescalade entre les deux pays aurait un impact sur les prix du pétrole et indirectement sur la demande en éthanol et sur les volumes de grains jaunes captés par l'industrie des biocarburants. Si un accord est en particulier trouvé sur le soja américain et sur les volumes que la Chine s'engage à acheter, cela aura aussi un impact sur les prix du soja et du maïs, pointe Damien Vercambre du cabinet Inter-courtage.
L'Europe suit, mais différemment
En Europe aussi les cours du maïs sont bas, mais progressent à l'instar de ceux de la bourse de Chicago. La différence, explique Gautier Le Molgat, est que la demande de l'industrie européenne de l'éthanol n'est pas aussi développée, et s'il manque du maïs, les fabricants européens d'alimentation bétail, sont habitués à substituer rapidement les grains jaunes par du blé. Le maïs européen fait face, particulièrement cette année, à la concurrence du blé dont la production est abondante dans l'hémisphère nord, et prometteuse dans l'hémisphère sud.
Ces spécificités limitent les facteurs de hausse des prix en Europe. Courant octobre, l'interprofession française (AGPM) a demandé l'activation de la réserve de crise de l'Union européenne pour soutenir tout le secteur et en particulier les exploitations qui n'arrivent plus à couvrir leurs coûts de production.
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