Julie Deliquet donne voix à d'anciennes combattantes invisibilisées
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Julie Deliquet adapte l'ouvrage de Svetlana Alexievitch publié en 1985, La guerre n'a pas un visage de femme, dans une pièce polyphonique.

La guerre est toujours racontée par les hommes. C’est en partant de ce constat que la jeune journaliste biélorusse Svetlana Alexievitch, alors âgée de 27 ans, entame en 1975 un travail d’enquête au long cours auprès d’anciennes brancardières. Elle récoltera près de 300 témoignages en sept ans.
Durant la «Grande Guerre Patriotique» (1941-1945), elles ont été : tireuse d’élite, brancardière, démineuse, pilote ou agente de renseignement, mais leur courage et leurs sacrifices ont été effacés après-guerre. La journaliste réunit alors ces femmes, et enregistre leurs témoignages sur magnétophone. Elles y racontent LEUR guerre.
Cet essai documentaire est publié en 1985 en ex-URSS, et en français en 2004. L'autrice accueille et met en forme des récits de ces femmes ayant combattu pendant la Seconde Guerre mondiale. L'idée était de dire que la guerre racontée par les femmes ne ressemble pas à celle des hommes. Elles y évoquent la peur, la douleur, le deuil, mais aussi la difficulté de redevenir une «femme» dans un monde d'après-guerre. Bien qu'une partie de l'ouvrage ait été censurée, le récit s'est vendu à près de deux millions d'exemplaires.
Née en 1948 en Ukraine, Svetlana Alexievitch n'a pas directement connu la guerre, mais celle-ci partie de son histoire, car l'autrice y a perdu une partie de sa famille. Après la démobilisation de son père en 1950, ils s'installent en Biélorussie. Elle travaille comme éducatrice, professeur, journaliste, puis écrivain. Elle reçoit le prix Nobel de Littérature en 2015 pour l'ensemble de son œuvre. Elle vit aujourd'hui à Berlin.
Retrouver la «sauvagerie de l'oralité»
C'est le début de la guerre en Ukraine qui a poussé Julie Deliquet à travailler sur le texte de Svetlana Alexievitch.
J'ai cherché des voix de l'Histoire dans un monde ignoré.
La metteuse en scène a travaillé avec une équipe d'adaptatrices pour sélectionner les neuf témoignages, et a imaginé un appartement communautaire et une journée d'enregistrement de ces témoignages. Une comédienne joue le rôle de Svetlana Alexievitch.
Invitées : Julie Deliquet. Elle est metteuse en scène et directrice du Théâtre Gérard Philipe à Saint-Denis depuis 2020. Elle met en scène «La guerre n'a pas un visage de femme» au Théâtre Gérard Philipe (TGP) à Saint-Denis et Odja Llorca, comédienne. Elle joue le rôle d'Alexandra, la pilote d'avion.
À voir au Théâtre Gérard Philipe jusqu'au 17 octobre 2025 puis en tournée.
Programmation musicale :
L'artiste Birds on a wire avec le titre «La jeunesse des morts», adapté d'un poème d'Anna de Noailles.
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