De vive(s) voix

Assises de la Traduction : comment traduire sous contraintes ?

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Pour cette 42è édition des Assises de la Traduction, l'Association Atlas ouvre le débat sur le thème de la censure et de l'autocensure dans la traduction. 

De gauche à droite, Tinouche Nazmjou, Arezou Dadvar, et Xavier Luffin.
De gauche à droite, Tinouche Nazmjou, Arezou Dadvar, et Xavier Luffin. © Cécile Lavolot / RFI
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Traduire, est-ce trahir ? Comment dire ce qui ne peut s'écrire dans certains contextes ? 

Depuis plus de 40 ans, les Assises de la Traduction réunissent à Arles, traducteurs et passionnés de littérature, auteurs et amoureux de langues. Cette année, le thème retenu est «Traduire sous contraintes». 

Un thème que connait bien Arezou Dadvar, traductrice. Elle a traduit King-Kong Théorie de Virginie Despentes en persan : «un projet assez difficile depuis le début. Je trouvais ce texte unique. Je me suis lancée dans cette traduction, j'avais proposé cette traduction à cinq éditeurs qui ont tous refusé. Finalement, je me suis autocensurée en traduisant et ai proposé une version modifiée, mais cette version n'a pas passé la censure. Je suis allée voir un éditeur à Paris». 

En effet, Tinouche Nazmjou publie depuis Paris des auteurs iraniens ou afghans qui écrivent en langue persane et qui sont censurés dans leurs pays. Les thèmes liés au désir, à la passion et les mots du sexe, ou liés à l'alcool, sont proscrits dans les écrits : «Les écrivains envoient leurs textes au Bureau de la Censure et des gens jugent leurs écrits pour savoir s'ils sont conformes aux lois islamiques du pays. Ce sont donc parfois des pages qui sont arrachées ou des écrits qui sont totalement censurés, mais il y a énormément de moyens de détourner cette censure. On va ruser et trouver un «code» entre le lecteur et le traducteur».

Si la censure est un thème majeur de la rencontre de cette année, la contrainte est également inhérente à la difficulté que peut rencontrer un traducteur face à des poèmes ou des auteurs tels que James Joyce qu'on a décrits comme «intraduisibles». Xavier Luffin est, entre autres, traducteur littéraire de l’œuvre de l'écrivain soudanais Abdelaziz Baraka Sakin — dont le romain Le corbeau qui m’aimait a été publié aux éditions Zulma «Un texte difficile à traduire, car il y a de nombreux dialectes qu'il faut réussir à restituer».

 

Invités : 

- Arezou Dadvar, traductrice du français vers le persan et traductologue. Elle travaille sur la sociologie de la traduction littéraire en Iran et notamment sur les thèmes de la liberté expression et de la traduction littéraire

- Tinouche Nazmjou, traducteur, éditeur, metteur en scène. Il a créé sa Maison d’édition Naakojaa  (qui veut dire «Utopia» en persan) en 2012 et édite des auteurs persans et des traductions d'ouvrages en persan interdits en Iran. Il est désormais «interdit de plume» en Iran

Xavier Luffin, membre du Conseil de l'ATLAS (Association pour la promotion de la traduction littéraire), professeur de Littérature arabe à l’Université Libre de Bruxelles. 

 

Les 42è Assises de la traduction littéraire : «Traduire sous contraintes» se tiendront à Arles les 7, 8 et 9 novembre 2025. 

 

Et comme chaque semaine, la chronique de Lucie Bouteloup décrypte les expressions de la langue française ! Cette semaine, «on essuie les plâtres !».

Une chronique enregistrée avec Géraldine Moinard des éditions Le Robert, et toujours avec la complicité des enfants de la classe de CM2 de l'École élémentaire Vulpian à Paris !  

Programmation musicale

L'artiste Aya Nakamura avec le titre «La femme alpha».

 

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