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Philippe Lamberts : « lâcher 10 milliards à Orban à 2 jours du Conseil est problématique »

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À Bruxelles, les 14 et 15 décembre 2023, les 27 ont entériné le démarrage des négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Nous en parlons avec Philippe Lamberts, coprésident du  groupe des Verts au Parlement européen et proche observateur de ce Conseil, qui se « réjouit » de cette décision. Il est vindicatif quant à l'attitude de Viktor Orban, qui a fait jouer son droit de veto sur l'octroi d’un plan de soutien financier de 50 milliards d’euros sur 4 ans à l’Ukraine, conditionnant la révision de sa décision au déblocage des fonds de l’Union européenne pour son pays. 

Philippe Lamberts.
Philippe Lamberts. © France 24
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« C'est un signal absolument indispensable à envoyer à l’Ukraine. (...) Mais il s’en est fallu de peu que l’Europe rate le coche » : Philippe Lamberts salue par ces mots la décision du Conseil sur l’ouverture des négociations d’adhésion de l’Ukraine. (...) « L'adhésion de l'Ukraine apporterait des ressources, un peuple très motivé pour la construction européenne et également une profondeur stratégique pour l'Union européenne ». D’autres pays ont également vu leur processus d’adhésion avancer lors de ce Conseil, comme la Moldavie, la Géorgie et la Bosnie-Herzégovine, et leur intégration va changer la donne et entraîner des réformes nécessaires, dont certaines doivent être présentées d’ici l’été 2024 : « Si on devait garder les règles de financement actuelles, totalement insensées et surannées, l'Ukraine se retrouverait être le seul pays bénéficiaire net du budget européen. Tous les autres pays deviendraient contributeurs nets. Il faut donc clairement repenser de fond en comble le mode de financement de l'Union européenne. (...) Soit les États membres cotisent à l'Union européenne, soit ils permettent à l'Union européenne de lever directement l'impôt », propose-t-il.

Chantage que le Premier ministre hongrois Viktor Orban a, selon lui, exercé lors des votes de ce Conseil : « le fait qu'on lui ait lâché 10 milliards d'euros à deux jours du sommet, c'est problématique (...) Ce qui s'est passé, ce n'est pas un bras de fer, c'est du chantage, auquel il faut bien admettre que le Conseil et la Commission ont répondu en libérant de l'argent », tonne-t-il.

Dans quelques mois, les citoyens européens seront appelés aux urnes pour désigner 720 élus au Parlement européen. Les sondages montrent une montée des partis populistes, d’extrême droite. Le député Vert fulmine : « ce qui m'inquiète le plus, c'est que ces partis nationaux populistes sont renforcés par le ralliement de partis traditionnels à leur langage. (...) Les partis historiques qui ont forgé l'Union européenne, les chrétiens démocrates, les sociaux-démocrates, les libéraux, les Verts ne devraient pas alimenter la machine à peur de l'extrême droite », conclut-il.

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