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Kaja Kallas : «Nous ne pouvons pas combler le vide d’aide humanitaire laissé par les Américains»

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Cette semaine, nous recevons Kaja Kallas en marge du Forum de Paris sur la Paix. La cheffe de la Diplomatie européenne revient sur les relations de l'UE avec les États-Unis de Donald Trump et la position de l'Europe sur différentes crises à travers le monde comme à Gaza, au Soudan et en Ukraine.

Kaja Kallas.
Kaja Kallas. © France 24
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Face à la multiplication des conflits, Kaja Kallas, Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, appelle de toute urgence à protéger l'état de droit. «Si l'on regarde ce qui se passe dans le monde, le droit international fait l'objet d'assauts répétés, alors qu'il constitue vraiment une protection pour les petits pays et empêche les grandes puissances voisines de dicter leur loi.» Une conception du monde qui s'oppose à celle de certaines puissances étrangères qui tentent de s'ingérer dans les affaires européennes pour affaiblir la position des Vingt-Sept : «Elles cherchent les petits feux qui consument nos sociétés et jettent de l'huile dessus de toutes parts. Car si nous nous entretuons, nous sommes plus faibles», met-elle en garde. 

Face à la menace russe, la vice-présidente de la Commission européenne appelle à renforcer la défense européenne, tout en niant que l'exécutif outrepasse ses compétences. «Les États nationaux ont la primauté en matière de défense, mais on peut essayer de les coordonner, de les organiser par groupes de pays, car certains projets sont trop gros pour un seul État, mais réalisables à plusieurs.» Elle souhaite s'inspirer du modèle ukrainien de production de drones pour développer des projets européens.

La cheffe de la Diplomatie européenne se félicite du «cessez-le-feu très attendu, tout comme la libération des otages», mais rappelle qu'il reste précaire et qu'il ne s'agit que d'une première étape. «Il faut que la communauté internationale soit présente à chaque étape», martèle Kaja Kallas, qui estime que l’UE doit moins s’intéresser aux sanctions à appliquer et concentrer ses efforts sur sa participation à un processus de paix durable.

Elle dénonce par ailleurs la situation «insoutenable» au Soudan, qui ne «capte pas assez l'attention des médias par rapport aux autres conflits». «Ceux qui soutiennent les parties en guerre en leur fournissant des armes doivent cesser de le faire», a-t-elle insisté.

Kaja Kallas revient également sur la relation entre l'Union européenne et les États-Unis de Donald Trump. Le président américain «veut certainement une Amérique forte», ironise la Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, «s’il s’agit pour cela d’affaiblir le monde, nous devons réfléchir à ce que nous devons faire, nous, Européens». 

En marge du Forum de Paris sur la paix, où une aide internationale de 1,5 milliard d'euros a été annoncée pour répondre aux crises dans la région des Grands Lacs en Afrique, la cheffe de la Diplomatie européenne a rappelé l'urgence d'apporter une aide humanitaire là où elle est nécessaire, tout en dénonçant la décision américaine de retirer son aide. «Tous les pays du monde attendent devant notre porte en nous demandant de combler le manque à gagner. Nos contribuables européens ne le peuvent pas. Nous essayons de faire notre devoir, mais nous ne pouvons pas combler le vide laissé par les Américains

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