Idées

La prudence n’est pas ce que vous croyez

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Entre la fuite en avant et le principe de précaution, notre invitée, érudite, Catherine Van Offelen propose une voie médiane, subtile et audacieuse : celle de la phronesis, cette prudence antique qui n’a rien de timorée.

Couverture du livre «Risquer la prudence – Une pratique de la sagesse antique» de Catherine Van Offelen.
Couverture du livre «Risquer la prudence – Une pratique de la sagesse antique» de Catherine Van Offelen. © Gallimard
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Dans son essai Risquer la prudence, elle exhume une vertu oubliée, à la fois pratique et courageuse, capable de guider l’action humaine dans l’incertitude.

Catherine Van Offelen en parle avec une précision rare dans ce nouveau numéro d’Idées au micro de Pierre-Édouard Deldique.

Contrairement à l’idée moderne de prudence – souvent associée à l’immobilisme ou à la peur du risque – cette jeune intellectuelle nous rappelle que la phronesis aristotélicienne est une forme de sagesse active. Elle ne consiste pas à éviter le danger, mais à l’évaluer avec justesse, à décider malgré l’ambiguïté, et à agir avec discernement. C’est une prudence qui ose, qui tranche.

L’auteure critique le règne du principe de précaution, devenu selon elle un dogme paralysant. Elle plaide pour une réhabilitation de la décision humaine, fondée sur l’expérience, le jugement et une forme de courage intellectuel.

Catherine Van Offelen, aux multiples références, puise dans les textes d’Aristote, mais aussi dans les traditions stoïcienne et chrétienne, pour montrer que la prudence n’est pas une faiblesse, mais une force. Elle est la vertu du capitaine dans la tempête, du médecin face à l’incertitude, du citoyen dans un monde complexe.

Dans un style limpide et rigoureux, elle tisse des liens entre philosophie antique et enjeux contemporains : écologie, politique, éthique médicale, intelligence artificielle.

Partout, la phronesis apparaît comme une boussole précieuse.

Risquer la prudence est plus qu’un essai philosophique : c’est une invitation à penser autrement notre rapport au risque, à l’action et à la responsabilité. En réhabilitant cette vertu oubliée, Catherine Van Offelen nous offre une clé pour naviguer dans l’incertitude sans renoncer à agir.

Son enthousiasme est roboratif. Il nous invite à être prudent, mais pas trop…

Catherine Van Offelen, Risquer la prudence – Une pratique de la sagesse antique (Gallimard)

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