RDC: «Nous avons un des taux de croissance les plus forts du continent, autour de 7% en 2022»
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Situation économique en République démocratique du Congo, transparence du système financier et sur les nouveaux appels d'offres pétroliers et gaziers... Entretien avec le ministre des Finances congolais, Nicolas Kazadi.
RFI: Quel tableau dressez-vous de la situation économique en RDC ?
Nicolas Kazadi: La situation économique est en nette progression avec de très bonnes perspectives. Nous avons un des taux de croissance économique les plus forts du continent. Je crois que nous arrivons en cinquième position, autour de 7% de croissance cette année, plus que prévu. Nous avons des réserves de change qui ont été multipliées par 5 en deux ans. Et nous avons également réussi à collecter l’impôt de manière satisfaisante : nous sommes passés de 8% du PIB à 15% du PIB en moins de quatre ans.
Le Fonds monétaire international (FMI) a constaté cependant des faiblesses et des fragilités dans le secteur bancaire en particulier. Que répondez-vous à ce reproche du FMI ?
Nous sommes en train de faire passer la nouvelle loi bancaire qui va nous mettre à jour en termes de modernité et de fonctionnement du système bancaire. Nous avons introduit des bons du Trésor qui sont convertibles depuis quelque temps. Nous avons, sous le conseil du FMI, mis en place une réserve obligatoire en devises, parce que le pays est très « dollarisé ». Et donc, nous sommes en train de poursuivre la mise en œuvre de nombreuses politiques dans le secteur financier visant à le rendre plus attirant.
Le Groupe d’action financière, le Gafi, chargé de lutter contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, menace de placer la RDC sur sa liste noire. La RDC est pour l’instant sur la liste des États sous surveillance renforcée. Quels sont les efforts fournis par le gouvernement congolais pour que la RDC ne se retrouve pas sur cette liste noire ?
Le pays a été mis sous observation depuis déjà deux années et cette observation a été prolongée. Cette observation, c’est le temps de mettre en œuvre une série de réformes pour nous mettre en conformité avec les normes Gafi. Et au cœur de ces réformes, il y a la loi anti-blanchiment qui va être adoptée à l’Assemblée dans les prochains jours donc nous sommes en train de dérouler cette feuille de route. Il n’y a pas de liste grise, il n’y a pas de liste noire. Donc, c’est volontairement que nous nous sommes mis en observation pour pouvoir dérouler nos réformes.
S’agissant des hydrocarbures, le ministre Didier Budimbu a fait savoir qu’il visait une signature des contrats de partage de production d’ici à fin octobre. Est-ce que ce n’est pas un délai un peu rapide pour cette mise aux enchères des blocs gazier et pétrolier. Est-ce qu’il ne faudrait pas mieux mettre un peu plus de transparence dans le secteur des mines ?
Nous avons une feuille de route que nous mettons en œuvre. Nous sommes avec l’Initiative sur la transparence dans l’industrie extractive (Itie) et l’Itie vient de rendre public son dernier rapport de validation qui nous donne une note de 4 sur 5. Ce qui veut dire que nous avons fait des progrès considérables pour adopter toutes les normes de l’Itie qui assurent de la transparence dans le secteur.
On parle souvent de la malédiction des matières premières. Cela a été un peu le cas pour les ressources minières dans votre pays. Cette richesse n’a pas ruisselé comme on a pu l’entendre sur le bien-être des populations. Pourquoi serait-ce différent avec le pétrole et le gaz ?
On ne peut pas dire que ça n’a pas pu ruisseler, mais ce qui est sûr, c’est que le secteur minier, quand il reste primaire, par nature, il ne crée pas assez d’emplois. Et pour cela, nous avons un agenda de transformation locale de nos produits pour plus de partages de richesses localement. Maintenant, pour ce qui est du gaz et du pétrole, nous sommes sous-financés en tant que pays, en tant qu’économie, alors que nous avons des défis importants en matière d’infrastructures, en matière sociale. Et donc, nous avons besoin de ces ressources pour accélérer notre développement. C’est de cela qu’il s’agit.
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