Denis Kadima (Céni en RDC): «L’inscription des électeurs est l’opération la plus importante»
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Les opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs ont été lancées samedi 24 décembre à Kinshasa. Elles concernent d’abord 10 provinces de la partie ouest du pays et dureront un mois. Où en sommes-nous avec ce processus ? Quelles sont les principales contraintes ? Le calendrier électoral sera-t-il respecté ? Entre difficultés financières, problèmes logistiques et défis sécuritaires, les élections pourront-elles être organisées comme prévu ? Denis Kadima, président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) en RDC est notre invité Afrique.

RFI : L’opération d’identification et d’enrôlement des électeurs pour les élections générales de 2023 a débuté depuis samedi dernier dans les provinces de l’ouest du pays. Bien que se trouvant dans cette zone, le territoire de Kwamouth, en proie à des conflits communautaires, ne sera pas concerné. Vous avez eu peur pour votre personnel, pour le matériel, pour la sécurité des enrôlés ou parce qu’il n’y a personne là-bas ?
Denis Kadima : Il y a tout cela. D’abord, il faut être sûr que les membres de notre personnel ne sont pas en danger, que les électeurs eux-mêmes ne vont pas se faire attaquer. Évidemment, il y a le fait que beaucoup de gens ont quitté leur lieu de résidence. Et nous ne voulons pas que cela affecte leur participation au processus électoral qui viendra à la fin de l’année prochaine. Donc, c’est juste attendre que les choses rentrent dans l’ordre pour qu’eux aussi aient la même opportunité que tout le monde.
Des opposants comme Martin Fayulu vous accusent de vouloir tricher en positionnant plus de centres d’enrôlement des électeurs dans certaines provinces que dans d’autres ?
Oui, nous avons entendu tout cela. Mais ce n’est pas factuel. Quand vous lisez les documents que nous avons établis dans le cadre de la cartographie, les vrais documents, vous verrez qu’aucune province n’a perdu. Au contraire, toutes les 26 provinces ont gagné quelque chose. C’est complètement faux, je dois le dire. Quand on cite même le nom des provinces, parfois, on cite des provinces qui ont connu une très grande augmentation. Je ne sais pas si c’est un problème d’information, mais c’est complètement à côté de la plaque.
Qu’est-ce qui n’a pas marché avec les précédentes opérations d’enrôlement des électeurs ? Pourquoi avez-vous décidé d’augmenter le nombre de centres d’enrôlement ?
En 2018, il y avait à peu près 17 500 centres d’inscriptions. C’est insuffisant. Les gens devaient parcourir des fois 20 à 25 km pour arriver au lieu d’enrôlement. Nous, nous avons augmenté ce nombre en ajoutant 5 000 centres d’instruction. Cela reste insuffisant. Si le pays en avait les moyens, nous en aurions peut-être 50 000.
Parlons du financement du processus électoral, sur les 640 millions de dollars attendus cette année, vous n’avez reçu que 400 millions de dollars. Ainsi, vous accusez quatre mois d’arriérés. Ce sont des frais liés aux opérations ou au fonctionnement de la Céni comme institution ?
C’est l’ensemble, c’est-à-dire qu’il y a le fonctionnement, il y a les opérations, l’investissement. Tout cela regroupé, ça forme le montant des décaissements attendus. Il y a des impaiements sur quatre mois, comme vous l’avez dit. Nous essaierons d’avancer avec ce que nous avons.
Le gouvernement a annoncé qu’il prendra en charge le financement des élections. Par le passé, on sait que le gouvernement s’était appuyé sur des partenaires comme la Monusco. Est-ce que la mission onusienne a été saisie ?
Oui. La Monusco avait été contactée il y a exactement un an. C’était le 21 décembre 2021. Puis, ils ont mis un processus en cours, c’est-à-dire, ils ont envoyé une équipe pour faire un état des lieux. Finalement, les discussions sont encore en cours. En ces temps, le processus a pris de l’envergure. Comme j’ai dit, on se contente des moyens qui nous sont fournis par le gouvernement, parce que c’est la responsabilité première du gouvernement. Et concernant la Monusco, il faut aussi reconnaître qu’elle n’a plus la capacité qu’elle avait en 2006. Aujourd’hui, elle est beaucoup plus confinée à l’est du pays. Nous sommes en train de travailler à l’ouest, donc on travaille avec les moyens qui sont les nôtres.
Avec le délai contraignant, avec les arriérés auxquels vous faites allusion, l’élection générale en décembre 2023, c’est toujours tenable ?
Ah, oui, c’est tenable. Nous sommes à 12 mois des élections. Donc, on a beaucoup de temps, beaucoup de choses peuvent se passer. J’ai rencontré le Premier ministre [Jean-Michel Sama Lukonde] il y a trois jours. Il était ici à la Céni. Nous en avons parlé, il en est conscient. Les autres membres du gouvernement sont concernés par la question. Ils savent bien que nous sommes en pleine opération. En fait, l’inscription des électeurs, c’est l’opération électorale la plus importante, parce qu’on y met tous les moyens, on détermine le nombre de personnes et leur distribution sur le territoire. Et sur cette base-là, nous aurons des informations très précises pour organiser les scrutins. Donc, je suis optimiste.
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