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Maïwenn, réalisatrice de «Jeanne du Barry»: «C'est un peu la métaphore de ma vie»

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Versailles à Cannes : c'est le biopic de Jeanne du Barry, dernier grand amour du roi Louis XV, qui fera ce mardi soir l'ouverture du 76e festival de Cannes. Cette superproduction, signée de la réalisatrice Maïwenn, marque le retour au premier plan de la star américaine Johnny Depp, après deux procès retentissants l'ayant opposé à son ex-compagne Amber Heard. La présentation du film à Cannes intervient, par ailleurs, alors qu'une plainte est déposée par le journaliste français Edwy Plenel contre Maiwenn qui l’aurait agressé dans un restaurant parisien. 

Scène tirée de «Jeanne du Barry», de Maïwenn.
Scène tirée de «Jeanne du Barry», de Maïwenn. © Stéphanie Branchu / Why Not Productions
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RFI : Vous réalisez, mais aussi, vous interprétez le rôle principal de Jeanne du Barry, la dernière favorite de Louis XV…

Maïwenn : Après la Pompadour.

Elle a vécu à la cour à Versailles au XVIIIe siècle. Qu’est-ce qui vous a séduit chez elle principalement ? Est-ce le côté anticonformiste ?

Il y a tellement de choses qui m’ont séduite chez elle. Déjà, c’était une femme qui venait du peuple. Il y avait un petit côté conte de fées. C’était une Pretty Woman du XVIIIe siècle. C’était son tempérament que j’adorais, une femme qui voulait imposer sa liberté, qui ne voulait pas faire de compromis avec les codes de la cour, mais qui cherchait quand même à être acceptée et à être aimée. Ses goûts du naturel, ses convictions politiques, artistiques.

Quelque part, c’est un peu mon portrait aujourd’hui. Ce serait un peu comme une métaphore du cinéma quand j’ai commencé à en faire, c’est-à-dire que je suis arrivée dans le milieu du cinéma et on me disait : « Ce n’est pas comme ça qu’on fait des films, ce n’est pas comme ça qu’on filme, ce n’est pas comme ça qu’on dirige les acteurs, ce n’est pas comme ça qu’on fait des scénarios »… Et moi, j’étais convaincue qu’il y avait de la place pour tout le monde, pour toutes les formes de cinéma, toutes les manières. Et j’ai imposé ma façon de faire et ça a plu, ça a marché. Alors peut-être que l’histoire de Jeanne du Barry, c’est la métaphore un peu de ma vie.

Ce qui peut paraître surprenant sur le papier, c’est le choix de l’Américain Johnny Depp pour incarner Louis XV. Et en même temps, quand on voit le film, il apporte toute sa mélancolie de star qui a connu d’immenses succès, mais aussi des déboires. Est-ce ça qui a fait que vous l’avez choisi pour incarner Louis XV ?

Non. Je ne l’ai pas choisi pour ses déboires. J’ai choisi un homme qui a énormément de charisme, de savoir-faire, de paradoxe. J’ai proposé le rôle à deux acteurs français avant, cela ne s’est pas fait. Donc, j’ai préféré être loyale à mon désir que loyale à ma nationalité.

On le disait, Jeanne de Barry n’est pas vraiment vue, il y a tout un jeu sur le regard dans le film. Elle voit sans être vue. Elle, elle voit un peu tout derrière les apparences

Quelque part, Jeanne, c’est le spectateur. On s’identifie à elle parce qu’on va regarder le roi avec des yeux émerveillés, comme des groupies. C’est extraordinaire d’arriver à Versailles comme ça, par cette façon immédiate et grandiose… Le lit du roi... Moi, j’adorerais être derrière un miroir sans tain et voir comment le président se réveille, prend son petit-déj. C’est génial.

Est-ce que ça a été un tournage particulièrement lourd, compliqué. C’est un film d’époque avec des centaines de figurants. Vous avez tourné à Versailles en 35 millimètres, en lumière naturelle, à la lueur parfois des bougies, comme dans le Barry Lyndon de Stanley Kubrick…

Je n’ai pas découvert que c’était dur au moment du tournage, je le savais à l’avance. Mais c’était aussi beaucoup de plaisir, de bonheur de voir un projet qui a germé il y a 17 ans. J’étais tous les jours tellement heureuse de voir que j’avais réussi à amener jusqu’au bout ce projet alors qu’il y avait eu le Covid, alors qu’il y avait Johnny qui avait eu ses procès. À un moment donné, j’ai cru que le film ne se ferait jamais.

 

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