Guerre en Ukraine: «les États-Unis sont pessimistes sur l’issue de ce conflit»
Publié le :
Washington scrute de très près la guerre en Ukraine, qui est entrée ce lundi 7 mars 2022 dans son douzième jour. Le Pentagone en apprend beaucoup sur l’état de l’armée russe, les ambitions de Vladimir Poutine, et s’adapte pour éviter une escalade.

La Russie misait sur une opération éclair, pour contrôler l’Ukraine. Douze jours après le début de la guerre, l’armée russe continue à bombarder le pays et progresse, mais elle a été surprise par la résistance ukrainienne. Même constat à Washington : les experts américains ne s’attendaient pas à un tel scénario, même s’ils sont conscients des capacités de l’armée de Kiev : « depuis 2014, Washington renforce, soutient, équipe l’armée ukrainienne en ayant livré près de trois milliards de dollars d’équipement depuis 2014 », explique Pierre Morcos, chercheur au CSIS, le Center for strategic and international studies de Washington, invité de RFI. « Le deuxième élément de surprise, pour le renseignement américain, ce sont toutes les défaillances de l’armée russe et notamment les défaillances de la chaîne de logistique », poursuit Pierre Morcos. Certains médias ont montré des images de blindés russes coincés, à quelques kilomètres de Kiev, manquant de carburant et de vivres pour les soldats. Ces difficultés montrent « un manque de professionnalisme, de préparation de l’armée russe à un conflit d’une telle intensité. Sur le plan de la force mentale des soldats, on a noté un certain nombre de défections. Ce conflit montre que derrière les apparences, l’armée russe est peu prête ».
Les renseignements américains notent un basculement de stratégie depuis quelques jours. Après une phase de guerre-éclair, avec des frappes précises, l’armée russe intensifie ses bombardements sans distinction entre civils et militaires. Vladimir Poutine a également brandi aussi ces derniers jours la menace nucléaire. Une menace que le Pentagone ne prend pas forcément au sérieux pour Pierre Morcos. En revanche, « les États-Unis prennent au sérieux le risque d’escalade non voulue sur le plan nucléaire, d’où la création d’une ligne de communication directe entre les États-Unis et la Russie. Le secrétaire de la Défense américain a aussi annoncé le report d’un exercice à dimension nucléaire pour éviter toute incompréhension qui pourrait conduire à une escalade ».
Malgré la résistance de l’armée ukrainienne et les défaillances de l’armée russe, « les États-Unis sont pessimistes sur l’issue de ce conflit », constate le chercheur. « D’où l’adoption de sanctions massives, l’accélération de la livraison d’armement militaire, pour forcer Moscou à accepter des négociations ». Une troisième session de pourparlers devaient d’ailleurs se tenir aujourd’hui (7 mars 2022), entre l’Ukraine et la Russie.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne