Journal d'Haïti et des Amériques

La République Dominicaine profite de la faiblesse du gouvernement haïtien

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Le président dominicain a mis sa menace à exécution et fermé la frontière avec son voisin haïtien. « La mesure restera en place le temps qu’il faudra pour que cette action provocatrice cesse », a précisé Luis Abinader, en faisant allusion à la construction d’un canal d’irrigation par des agriculteurs haïtiens, alimenté par la rivière Massacre qui traverse les deux pays. De passage à Paris pour présenter son nouveau roman Veilleuse du Calvaire, paru aux éditions Actes Sud, l’écrivain Lyonel Trouillot commente l’actualité de son pays.

Lyonel Trouillot, dans les studios de RFI, le 15 septembre 2023.
Lyonel Trouillot, dans les studios de RFI, le 15 septembre 2023. © Mikaël Ponge/RFI
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« Cela peut avoir des impacts sur la production agricole et la vie économique qui sont déjà fort en difficulté, explique l’auteur, mais au-delà de l’inquiétude provoquée par cet énième incident, ce qu’il convient peut-être de souligner c’est que ceci est rendu possible par l’incapacité des gouvernements haïtiens à représenter dignement les intérêts de la nation haïtienne, et ce gouvernement-ci semble avoir la prime, même si Dieu sait combien les autres ont été mauvais. »

« L’arme du pauvre, c’est le caillou »

Face à ce gouvernement « sans légitimité constitutionnelle, sans appui populaire, ce que j’appelle un gouvernement de facto sans domicile fixe », l’écrivain estime que les plus démunis n’ont plus que les pierres pour protester. « Les gangs ont les armes illégales, le gouvernement de facto a les armes légales, nous au milieu on a les cailloux. » Il n’y a toujours aucune perspective de sortie de la crise politique et les discussions prévues cette semaine ont été annulées à la dernière minute, officiellement pour des raisons administratives.

Cette situation perdure à cause de « l’Occident chrétien blanc capitaliste ». Selon l’auteur, ce pouvoir n’a qu’un support mais il est majeur : « celui des puissances occidentales qui prétendument, au nom de la démocratie, soutiennent un pouvoir incapable, quand bien même il serait doté de bonne volonté ce qui n’est pas le cas, de représenter les intérêts de la Nation. »

« Qu’est-ce que les États qui prétendent représenter la démocratie font à Haïti ? »

Selon Lyonel Trouillot, le problème haïtien est avant tout politique et ne peut se résoudre que par la tenue d’élections, en aucun cas grâce à la force internationale de police évoquée par les Nations unies. « C’est une bêtise absolue ! Toute force militaire qui viendrait en Haïti ne servirait qu’à maintenir ce gouvernement de transition. » L’écrivain estime que « ce qui se joue en Haïti est la volonté des États occidentaux et des institutions internationales de faire comme s’il s’était passé quelque chose de démocratique ces dix dernières années. Ils ont financé des élections que tout le monde savait truquées, ont installé ce pays dans une parodie de démocratie et aujourd’hui, admettre l’échec évident du pouvoir d’Ariel Henry c’est admettre leur propre échec. »

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