L’ancien dictateur du Suriname, Desi Bouterse, condamné à 20 ans de prison
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La justice du Suriname a condamné hier l’ex-chef de la junte et ancien président Desi Bouterse à 20 ans de prison pour l’assassinat en 1982 des quinze opposants les plus importants à la dictature. « Une victoire pour la justice au Suriname et pour tous ceux qui combattent les abus de puissants dans le monde entier, cela rappelle que l’obligation de rendre des comptes n’a pas de date d’expiration » commente Reed Brody, procureur spécialisé dans la lutte contre les crimes de guerre et observateur pendant ce procès pour la Commission internationale des juristes, en rappelant le courage des juges qui avaient lancé la procédure alors que Desi Bouterse était encore au pouvoir et qui l’ont mené à bien malgré les nombreuses tentatives de blocage de l’ancien dirigeant.

Au moment du verdict, les rues étaient anormalement vides à Paramaribo, « on s’attendait peut-être à des troubles, explique Reed Brody, mais en fait c’était plutôt calme. La décision a été accueillie évidemment favorablement par beaucoup de gens après ce véritable feuilleton politico-judiciaire. » Celui que l’on surnomme le « chasseur de dictateur » rappelle que même avec la restauration de la démocratie, les gouvernements successifs du Suriname n’avaient pas osé entamer des poursuites, elles ont émané des familles de victimes une semaine seulement avant la prescription des crimes. Dans les années suivantes, Desi Bouterse « fait tout pour stopper la procédure. Il fait voter une loi d’amnistie qui paralyse tout pendant quatre ans », jusqu’à ce qu’une cour la juge non-confome, « ensuite Bouterse demande au procureur général d’exiger l’arrêt des poursuites mais la cour refuse, puis il essaie de démettre le procureur général… » Une première condamnation est prononcée en l’absence de Bouterse qui obtient un nouveau procès dont l’issue est la même : 20 ans de prison, confirmés donc en appel hier.
Cette fois, Desi Bouterse était de nouveau absent du tribunal qui n’a pas donné d’instruction précise concernant son arrestation. En revanche, elle « a expliqué que c’était une décision en dernière instance, analyse Reed Brody, donc la Cour supposait qu’il serait arrêté. Tout le monde est suspendu à la décision du procureur et du gouvernement, mais j’ai rencontré hier le ministre des Affaires étrangères et je n’ai pas de doutes sur le fait qu’il y ait une arrestation de Desi Bouterse. »
Le journal de la 1ère
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