Journal d'Haïti et des Amériques

États-Unis : l'épidémie de fentanyl fait moins de morts

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En cette journée spéciale sur RFI consacrée à la drogue dans le monde, Anne Cantener se penche sur la situation sur le continent américain. Aux États-Unis, c'est l'épidémie de fentanyl qui préoccupe toujours. Cette drogue 50 fois plus puissante que l’héroïne, 100 fois plus que la morphine, est la principale cause d'overdoses dans le pays.

Des sacs de fentanyl saisis par les douanes américaines à l'aéroport de Chicago.
Des sacs de fentanyl saisis par les douanes américaines à l'aéroport de Chicago. REUTERS/Joshua Lott/File Photo
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Mais les choses s'améliorent peu à peu : en 2024, le nombre de décès par overdose liés aux opioïdes synthétiques, donc principalement le fentanyl, a chuté de plus de 30%. Les conséquences des politiques mises en place pour enrayer l'épidémie de fentanyl commencent à se faire sentir. Ces programmes dits de réduction des risques pour les consommateurs «ne visent pas à sevrer les consommateurs dans un premier temps, mais à ce qu'ils prennent leur dose en limitant les risques d'overdoses», explique notre correspondant à Atlanta, Edward Maille.

Un outil permet d'éviter les morts liées aux opioïdes : le Naloxone qui se prend par spray nasal ou avec une seringue, est une sorte d'antidote en cas d'overdose. La distribution de ce médicament a considérablement augmenté aux États-Unis, précise encore le journaliste. Les secours et même les consommateurs en ont sur eux. De plus, des lois d'amnistie ont été votées : si vous consommez de la drogue avec une autre personne et qu’elle fait une overdose, si vous appelez les secours, vous n’aurez pas de problème avec la justice.

Cette approche de la dépendance à la drogue repose sur l'idée que l'addiction est avant tout une maladie. Dans le monde médical et scientifique, on estime que ces politiques portent leurs fruits. Mais au niveau politique et dans la société, il n'y pas encore de consensus. Souvent, quand un élu veut ouvrir un centre d'échange de seringues, les habitants s'y opposent, explique Edward Maille.

Le correspondant de RFI à Atlanta a également recueilli le témoignage de Robin, la vingtaine, qui prend de la drogue depuis ses 11 ans. «Aujourd'hui, elle ne plane plus et ne prend du fentanyl que pour se sentir normale», raconte le journaliste. Elle assume publiquement sa dépendance et lutte pour que les drogués ne soient pas stigmatisés.

 

Haïti, pays «rebond» dans le trafic de drogue

L'autre drogue qui inonde le monde, la cocaïne, produite essentiellement en Colombie, transite par de nombreux pays du continent. Une saisie-record a eu lieu en Haïti, au moins de juillet 2025. Mais, comme l'explique Romain Le Cour Grandmaison, docteur en Sciences politiques de l'Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne et expert senior au sein de l'ONG Global initiative against transational organized crime, le pays ne sert que d'escale aux trafiquants sur la route vers la République dominicaine. Le pays voisin, tout comme la Jamaïque et les Antilles françaises sont les véritables «hubs stratégiques» et cette drogue n'est plus destinée aux États-Unis mais à l'Europe, analyse le chercheur.

Afin d'envoyer les plus grandes quantités possibles de drogue sur le vieux continent, les trafiquants privilégient le transport maritime qui est très peu surveillé. «Pas plus de 6% des containers sont scannés et vérifiés», développe Romain Le Cour Grandmaison. «La façon la plus rentable possible d'exporter la cocaïne n'est pas forcément la plus rapide. Mais ce n'est pas grave car ce n'est pas une denrée périssable. Elle peut donc emprunter des chemins détournés» avant d'arriver à sa destination finale.  

 

Le journal de la 1ère

La terre a tremblé ce lundi matin (15 septembre 2025) dans le nord de la « Grande Terre » de la Guadeloupe.

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