Avec l'accord Israël-Hamas, Trump sur le point réaliser un exploit diplomatique majeur
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Moins d’une heure avant que le cabinet de sécurité israélien ne se prononce, l’accord conclu entre Israël et le Hamas fait la Une des médias internationaux. Ce texte prévoit un cessez-le-feu, négocié après un échange d’otages : tous les captifs détenus par le Hamas seraient libérés en contrepartie de 2 000 prisonniers palestiniens. Aux États-Unis, il représente aussi un vrai succès pour Donald Trump.

Sans surprise, c'est à la Une de la presse américaine. Pour le New York Times, c'est presque un éloge appuyé : «Trump est sur le point de réaliser le plus grand accomplissement diplomatique de son second mandat». Et pourtant, nombreux sont les spécialistes du dossier qui avaient critiqué les tergiversations du locataire de la Maison Blanche. Le quotidien américain interroge l'un d'eux, le responsable d'un think tank basé à Washington DC, qui, après coup, confirme l'exploit : «Aucun président, républicain ou démocrate, n'a jamais été aussi sévère envers un Premier ministre israélien sur des questions aussi cruciales pour sa politique ou la sécurité de son pays», précise-t-il. Même si, rappelle le journal, «Benyamin Netanyahu a outrepassé ses limites» et la guerre fait toujours rage à Gaza.
Qu'à cela ne tienne, Donald Trump surfe sur ce moment. Partout dans la presse, il y a cette image : le secrétaire d'État américain Marco Rubio qui chuchote à l'oreille du président dans la salle à manger d'État de la Maison Blanche alors que le président organisait une table ronde avec des influenceurs conservateurs. Politico revient sur cette histoire : «Marco Rubio avait des nouvelles pour le président, mais il fallait que les journalistes soient partis». Rubio a ensuite remis une note au président et un photographe de l'AP couvrant l'événement a zoomé sur l'écriture manuscrite sur le papier à en-tête de la Maison Blanche qui disait : «Vous devez approuver rapidement une publication sur Truth Social afin de pouvoir annoncer l'accord en premier.» Quelques minutes après, Trump annonçait la nouvelle.
Et cette séquence en déclenche une seconde. Le journaliste du New-York Times insiste : «le succès de cette entreprise était, pour Donald Trump, le test ultime de son objectif autoproclamé de devenir un négociateur et un artisan de la paix - et une voie vers le prix Nobel de la paix qu'il convoite si ouvertement». «Trump veut un prix Nobel. Il saura vendredi si sa campagne a porté ses fruits», titre également le Washington Post. Hasard du calendrier, le prix doit être annoncé vendredi et, explique le quotidien américain, «Donald Trump a accumulé de multiples récompenses dorées : des statues, des baskets, même un bipeur doré donné par Benyamin Netanyahu», mais il lui manque encore un médaillon étincelant de Prix Nobel. Si ce dernier martèle qu'il ne fait pas de politique pour obtenir des prix, poursuit le Washington Post, on apprend dans l'article que le président américain mène «une campagne peu habituelle entrant un conflit radical avec les traditions du prix», prouvant un comportement «remarquablement égocentrique», écrit le journaliste, citant une source proche de l'histoire du Prix Nobel.
Donald Trump souhaite se présenter comme un faiseur de paix à l’échelle mondiale, mais son attitude reste clairement provocatrice aux États-Unis
Le président américain a confirmé son intention d’envoyer les militaires de la Garde nationale à Chicago. Ces soldats sont d’ailleurs actuellement en position d’attente, à quelques dizaines de kilomètres de la ville. Donald Trump veut qu’ils protègent les agents de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), qui multiplient les raids contre les immigrés en situation irrégulière. Ces opérations, souvent choquantes, sont menées par des agents masqués circulant à bord de véhicules civils. Les quartiers où vivent de nombreux étrangers, notamment latino-américains, sont particulièrement affectés et plongés dans un climat de peur. Notre correspondant Vincent Souriau, s'y est rendu. «Les rues sont vides, les voitures garées bien comme il faut le long des trottoirs. Et les rares habitants qui acceptent de parler se tiennent le plus loin possible». Et selon un mécanicien, interrogé sur place, cette peur s'explique car «pour la majorité des Latinos à Chicago, personne n’a de papiers». Il le précise, «tous mes amis, ils vont au boulot, ils reviennent et ils s’enferment chez eux. Ils bossent sur des chantiers, dans des magasins, partout. Mais pourquoi ils ne s’en prennent pas aux voyous ? C’est eux qu’ils devraient arrêter. Au lieu de venir chercher les jardiniers ou les ouvriers du bâtiment... Ce sont des gens bien. C’est pas eux qu’il faudrait chasser».
En Argentine, le Parlement argentin a une nouvelle fois défié le président Javier Milei
En rognant un peu sur ses pouvoirs et en restreignant sa capacité à gouverner par décret. Dans un article de La Nacion qu’en raison de sa faible majorité, Javier Milei en raffole : 76 décrets depuis sa prise de fonction. «L'opposition a mis en échec le principal outil de gouvernance de Milei», résume le quotidien.
Ces décrets de nécessité et d’urgence, c’est un sujet qui est beaucoup revenu ces derniers mois. Un éditorialiste de Pagina 12 avait d’ailleurs l’habitude, dans ses chroniques, de comparer les décrets du président argentin à des «coups d’État» parlant d'une «soumission brutale des pouvoirs du Congrès» et qualifiant cette gouvernance par décret de «cruelle et illégitime». Mais tempère Clarin, le journal argentin le plus connu, il y a encore une incertitude sur la portée effective des changements car il faudra aussi l’approbation du Sénat pour que la mesure entre en vigueur.
Au Mexique, l'écriture inclusive interdite dans les écoles de l'État de Chihuahua
C’est un débat qui revient souvent, mais qui s’est intensifié après une annonce du PAN - le parti des Démocrates Chrétiens, que ses adversaires placent plutôt à l’extrême droite - qui a décidé d’interdire son utilisation dans les écoles de l’État de Chihuaha. Dans la presse mexicaine, ça fait débat. «Le PAN applique une stratégie «Bukele» à Chihuahua», titre El Financiero qui compare cette décision à une approche autoritaire, en référence au président salvadorien Nayib Bukele. Il faut dire que le député conservateur défenseur de la réforme, rapporte el Periodico Correo, a justifié la décision en évoquant des «confusions woke» et en insistant sur l'importance d'enseigner l'espagnol «correctement». «C’est une forme de censure linguistique», critique le média indépendant Regeneracion qui avance dans le même temps qu’il s’agit d’un recul sur les droits des groupes minorisés, et un usage du langage comme instrument idéologique.
En Haïti, la résurgence du choléra
«C'est l'alerte de trop», précise Frantz Duval, le rédacteur en chef du Nouvelliste. «N’est-ce pas la preuve que nous marchons à reculons quand on se rappelle que le pays avait vaincu l’épidémie du choléra, il y a quelques années ?», interroge-t-il. Car l'élimination du choléra, ayant causé quelque 10 000 morts à travers le pays entre 2010 et 2016, était saluée comme une victoire du système de santé et ses partenaires locaux et internationaux.
Son retour est une preuve de plus de la dégradation des conditions de vie dans le pays. «Les camps de déplacés pullulent. Les conditions d’hygiène dans ces camps constituent un terrain fertile pour la propagation du choléra. Ce n’est pas tout. Le système de santé est à genoux.» Un cri d’alarme de Médecins sans frontières pour le système de santé est d'ailleurs repris dans le journal du jour. Et il n’y pas que le système de santé qui paie un lourd tribut à la crise. «L’insalubrité de nos rues saute aux yeux. Sans parler des villes de province, l’État n’arrive pas à assainir les quartiers qui sont toujours sous son autorité dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Faut-il s’étonner si le choléra revient ?».
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