Jusqu’où va la science ?

Que nous apprend la science des poux? [Rediffusion]

Publié le :

Jusqu'où va la science ? Jusqu’à nous chercher des poux dans la tête ! Car l’étude génétique des quelque 5 000 espèces de poux qui colonisent la peau et les poils des mammifères, depuis des dizaines de milliers d’années, est un excellent marqueur des migrations humaines.

De la taille d'une tête d'épingle, les poux s'accrochent aux cheveux.
De la taille d'une tête d'épingle, les poux s'accrochent aux cheveux. © Getty Images / iStock / DeVil79
Publicité

La biologiste américaine Marina Ascunce a publié les résultats d'une étude d'envergure dans la revue scientifique Plos One. Elle a pu retrouver et dater l’arrivée des premiers Européens sur le continent américain en analysant le génome de 274 poux actuels, provenant de 19 pays différents en Europe, en Asie et en Amérique du Nord et du Sud. Seul un pou africain a pu être analysé ; comme toujours, ce continent est le maillon faible des relevés scientifiques ,et c’est à déplorer. Mais preuve est faite que l’histoire généalogique des poux et celle des humains concordent et nous permettent de remonter le temps, jusqu’aux plus anciens poux humains.

La plus ancienne lente découverte à ce jour provient d’un crâne humain datant de 10 000 ans au Brésil. On en a aussi retrouvé sur une momie andine de 2 000 ans avec même un reste de sang séché, car la glue qui attache les lentes du parasite est un excellent conservateur d’ADN ancien. De là à remonter aux poux de Néandertal ? La biologiste Marinas Ascunce, dans un entretien au mensuel Sciences & Avenir, y croit. « Il est possible que des poux de néandertaliens, voir d’autres espèces humaines aujourd’hui disparues, soient encore présents », dit-elle, car les poux ont toujours voyagé sur le dos et la tête des humains.

Un peigne à pou en ivoire daté de 3 700 ans

C’est d’ailleurs sur un peigne à poux en ivoire, daté de 3 700 ans et exhumé sur le site de Tel Lachish en Israël, qu’a été découverte la toute première phrase écrite en langue cananéenne : « Puisse cette défense (d’éléphant) extirper les poux des cheveux et de la barbe. » Des analyses microscopiques ont bien révélé, sur ce peigne en ivoire, des débris de lentes venues très certainement d’Égypte, où les éléphants étaient nombreux... et les poux aussi. Il y a d’ailleurs un lien un peu tiré par les cheveux entre les poux et les éléphants, car d’autres études génomiques parues cette fois dans la revue Nature ont permis de remonter à l’ancêtre commun des quelque 5 000 espèces de poux qui colonisent aujourd’hui tous les mammifères humains et non humains.

C’était il y a environ 100 millions d’années. Le tout premier pou, l’ancêtre commun de tous les poux, aurait colonisé d’abord un super groupe de mammifères, les afrothériens, comprenant les musaraignes, les taupes et les éléphants, avant de réussir à coloniser tous les autres mammifères, y compris les humains. Jusqu’où ira la science des poux ?

À lire aussiParasites corporels, ces invités indésirables

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes