L’hydre à deux têtes, du mythe à la réalité scientifique
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On connaissait l’hydre, ce monstre à neuf têtes de la mythologie grecque, capable de régénérer sans fin ses têtes coupées. Des chercheurs de l’université de Genève viennent de démontrer que l’hydre, petit animal aquatique bien réel, peut effectivement générer deux têtes.

L’hydre à deux têtes, ce n’est plus un mythe, mais une réalité scientifique. Une découverte que l'on doit au professeur Aurélien Roux du département de biochimie de l'université de Genève, en Suisse, fasciné, comme bon nombre de chercheurs, par ce petit polype aquatique de quelques millimètres. Hydra vulgaris, de son nom scientifique, est connu de longue date pour sa capacité à régénérer ses organes. En l’occurrence sa tête ou son pied quand ils sont sectionnés, un peu comme un ver ou un lézard.
Son équipe de recherche tenait à comprendre par quels mécanismes ce minuscule organisme parvenait à se régénérer. L'hydre est un animal de structure très simple : des fibres musculaires relient sa tête équipée de fins tentacules à son pied. Ils ont donc tenté une expérience, à savoir comprimer délicatement, avec un hydrogel, l'hydre à son extrémité, préalablement sectionnée, pour créer une déformation qui désorganise les fibres musculaires, incitant les tissus à se régénérer de manière inhabituelle.
Cette déformation contrôlée a entraîné la formation d’une deuxième tête chez l'hydre. Une tête parfaitement fonctionnelle avec ses cellules, ses neurones et ses tentacules. Il y a même une vidéo qui montre, en temps réel, l’émergence de la deuxième tête de l’hydre. Impressionnant, mais surtout éclairant pour comprendre le rôle que jouent les muscles et pas seulement les gènes dans la formation, l’organisation et la régénération des organismes. Jusqu’ici, la manière dont les cellules et les tissus façonnent les organismes était mal comprise.
Cette étude publiée dans la revue Science Advances ouvre de nouvelles perspectives de recherche. Elle montre que les facteurs génétiques sont couplés à la mécanique des tissus musculaire et agissent au même niveau pour former une deuxième tête correcte chez l’hydre. Mais soulève aussi de nouvelles interrogations, résumées par Aurélien Roux sur le site de Sciences et Avenir : Est-ce que ces structures musculaires influencent aussi le développement embryonnaire chez d’autres organismes ? Et est-ce que cela pourrait s’appliquer à des espèces aussi variées que les insectes, les poissons zèbres ou même les humains. Jusqu’où nous entraînera l’hydre à deux têtes ?
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