Les plus anciennes momies connues à ce jour, 10 000 ans, ont été découvertes en Asie du Sud-Est. Leur analyse montre que la momification artificielle était pratiquée depuis la préhistoire dans différents endroits du globe.

Des millénaires avant les Égyptiens, les chasseurs-cueilleurs momifiaient déjà leurs ancêtres. Pas de bandelettes blanches ni d’embaumement pour cette momification par dessiccation, c'est-à-dire dessèchement par des techniques d’enfumage. Les plus connues, que l’on a longtemps considérées comme les plus anciennes, ont été exhumées dans le désert d’Atacama au Chili. Ce sont les spectaculaires momies de la culture chinchorro. Des chasseurs-cueilleurs-pêcheurs qui vivaient il y a plus de 5 000 ans dans la zone côtière du nord du Chili. Ces impressionnantes momies noires datées pour les plus anciennes de 7 000 ans avant notre ère, ont été classées au patrimoine mondial de l’humanité et des chercheurs ont même pu démontrer que la couche de manganèse qui recouvre les corps momifiés avaient probablement empoisonné une partie de la population chinchorro. En 2022, c'est dans des sites funéraires au Portugal que des archéologues, en analysant des corps inhumés dans d’étranges positions fœtales, ont découvert que ceux-ci avaient été momifiés, avant d’être enterrés il y a 8 000 ans.
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La surprise de cette nouvelle étude parue le 15 septembre dernier dans la revue scientifique PNAS, c’est non seulement que les techniques de momifications artificielles sont encore plus anciennes que prévu – ces momies asiatiques datent de plus de 10 000 ans –, mais aussi et surtout que ces rituels complexes de momification par enfumage semblent avoir été très répandus au paléolithique dans toute l’Asie du Sud-Est, du Vietnam à la Chine, jusqu’en Australie et en Extrême-Orient où des pratiques similaires sont toujours observées aujourd’hui.
Pourquoi et comment ces populations de chasseurs-cueilleurs asiatiques momifiaient leurs ancêtres ?
Pour préserver les corps de la décomposition, c'est le moyen le plus efficace (et le seul) en milieu tropical humide, rappellent les chercheurs qui ont d’abord été intrigués par la position très contorsionnée des squelettes : dans des positions assises ou accroupies que l’on retrouve, d’ailleurs, dans de nombreuses sépultures de cette époque très ancienne, dans des grottes sous roches, dans toute l’Asie. L’analyse d’échantillons d’os de ces momies a montré qu’un soin extrême avait été apporté au séchage et à l’enfumage des corps, probablement pendant des mois en continu, pas du tout dans le but d’une crémation, mais bien pour préserver le corps des défunts comme l’analyse la chercheuse Hsiao-Chun Hung de l’université nationale d’Australie, co-autrice de cette étude : « Cela reflète quelque chose de profondément humain, le souhait intemporel que nos proches ne nous quittent jamais, mais restent à nos côtés pour toujours. » Voilà ce que nous racontent, 10 000 ans après, les momies les plus anciennes découvertes à ce jour en Asie.
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