Jusqu’où va la science ?

«Aïe» ou le langage universel de la douleur (Rediffusion)

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Comment exprime-t-on ses émotions dans les différentes langues du monde ? Pourquoi dit-on aïe quand on se fait mal ? Y aurait-il un langage universel de la douleur, comme semble le démontrer une étude comparative menée sur 131 langues différentes. (Rediffusion du 25 janvier 2025)

Adam Bareiro de River Plate grimace de douleur lors d'un match de la ligue argentine de football contre Boca Juniors au stade La Bombonera à Buenos Aires, Argentine, samedi 21 septembre 2024.
Adam Bareiro de River Plate grimace de douleur lors d'un match de la ligue argentine de football contre Boca Juniors au stade La Bombonera à Buenos Aires, Argentine, samedi 21 septembre 2024. AP - Gustavo Garello
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« Aïe ! » Quand ça fait mal, c’est la voyelle a qui sort systématiquement de la bouche des humains, quelle que soit leur langue. C’est le constat de la chercheuse Maïa Ponsonnet et de ses collègues de l’université d’Australie-Occidentale, de l’université Lumière Lyon 2 et de l’université de Hong Kong. Ensemble, ils ont étudié les interjections de douleur, mais aussi de dégout ou de joie dans 131 langues différentes sur tous les continents. Les résultats de leurs recherches sont parus dans le Journal de la société acoustique Américaine : en coréen comme en sérère, en français comme en langue aborigène d’Australie ou tupi d’Amérique centrale, on dit « aïe » ou « aouch », ou « ahoua », ou « akai », ou « awou ».

Toujours des variations autour de la voyelle a, qui correspond d’ailleurs au cri poussé par tous les humains quand ils se font mal. Vous pouvez le vérifier si le cœur vous en dit, quand la douleur est trop forte… On crie « aaah » avant de dire « aïe », c’est ce qu’on appelle des vocalises non linguistiques qui pourraient bien être à l’origine du langage. C’est une hypothèse soutenue par cette étude : les humains auraient commencé par des vocalises « aaaa » qui deviennent des interjections « aïe » ou « aouch » ou « akai », compréhensibles et partagées dans nos langues respectives par nos frères et sœurs humains.  

Pour ce qui est des interjections exprimant d’autres émotions comme le dégout ou la joie, les comparaisons sont moins évidentes. Notre « Beurk » de dégout, par exemple, a évidemment des équivalents dans toutes les langues, mais aucune régularité comme cherchent à démontrer les linguistes. En revanche, pour exprimer la joie, même si c’est moins flagrant que pour les « aïe » de douleur, dans la majorité des 131 langues étudiées, Maïa Ponsonnet et ses collègues ont mis en évidence la voyelle i. Comme dans nos rires et nos sourires, surtout quand il y a de la surprise.

C’est ce qui ressort de cette étude comparative : les émotions exprimées ont beau être aux antipodes, c'est dans l’expression et la manifestation de la surprise que nos interjections se ressemblent. Une douleur violente s’exprime par « aïe » ou « aouche », une joie inattendue par « youpi » (en i). Ce qui montre tout de même que nous pouvons partager nos émotions les plus fondamentales :  nos douleurs et nos joies, dans toutes les langues et avec tous les locuteurs et locutrices du monde.

À écouter aussi, dans l'émission Priorité SantéLibérez-vous de la douleur!

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