Jusqu’où va la science ?

Les otaries aussi ont le rythme dans la peau

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On savait que certains oiseaux pouvaient danser en rythme, des chercheurs de l’Université de Californie viennent de montrer, dans une étude parue dans la revue Scientific Reports, qu’une otarie avait réussi à tenir le rythme mieux et plus longtemps que des humains.  

L'otarie dansante Ronan, prise en photo par les chercheurs de l'université de Californie à Santa Cruz, aux États-Unis, en 2023.
L'otarie dansante Ronan, prise en photo par les chercheurs de l'université de Californie à Santa Cruz, aux États-Unis, en 2023. AP - Carson Hood
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L’otarie en question s’appelle Ronan. Âgée de 15 ans, cette otarie de Californie (zalophus californianus), capable de battre la mesure sur n’importe quel rythme avec sa tête, a été recueillie à l’âge de trois ans, en état de malnutrition avancée, après plusieurs échouages, par le laboratoire marin de l’université de Californie, à Santa Cruz. Un laboratoire spécialisé dans l’étude du comportement des mammifères marins. L’idée de tester sa sensibilité au rythme, sa bio musicalité interne, a été inspirée par le travail d’un professeur de psychologie et de neuroscience musicale : Ani Patel de Tufts University qui avait analysé les extraordinaires mouvements de danse et le rythme inné d’un cacatoès le célèbre Snowball, star de YouTube que vous avez peut-être vu se trémousser en rythmes sur Michael Jackson.

Dans son étude parue dans la revue Curent Biology en 2019, Ani Patel avait démontré que Snowball maitrisait parfaitement 14 pas de danse différente, tous complexes. Dont un impressionnant jeté de tête, qui ne font pas partie du comportement naturel des cacatoès à huppe jaune, ce qui signifie donc que Snowball a développé son sens du rythme en écoutant ses musiques préférées, mais aussi qu’il adore danser.

D’autres animaux, en particulier des mammifères autres que les humains, seraient-ils eux aussi sensible au rythme ? C’est ce qu’ont voulu tester l’équipe d’éthologie marine de Peter Cook a l’université de Californie en entrainant la jeune otarie Ronan dès son plus jeune âge à reconnaitre et à hocher la tête au rythme d’un métronome. Une habitude, un apprentissage qu’elle a non seulement gardé a l’âge adulte, mais aussi considérablement développé jusqu’à tenir la mesure et à garder le rythme bien mieux que les humains.

Comment ces chercheurs ont-ils démontré qu'une otarie ne tenait plus le rythme que nous humains ? En organisant une sorte de « battle », de match, entre l’otarie Ronan et les étudiants et étudiantes de l’Université de Californie. Peter Cook et son équipe ont évalué la constance et la coordination de Ronan dans ses mouvements de tête, au rythme d’une caisse claire, d’une batterie, à 112, 120 et 128 battements par minute, puis demandé à des étudiants de battre les mêmes rythmes avec leurs mains. Résultat, vidéo à l’appui paru dans la revue Scientific Reports ce 1er mai 2025 : le chronométrage des battements de tête de l’otarie étaient globalement plus précis et moins variables que celui de sujets humains.

Plus fort encore, la précision des battements de tête en rythme de Ronan augmentait avec le tempo, ce qui n’était pas le cas des humains, de moins en moins précis au fur et à mesure que le tempo s’accélérait. Les otaries aussi peuvent donc avoir le rythme dans la peau. D’autres études sont désormais en cours avec d'éléphants et des oiseaux pour tenter de mieux comprendre comment les rythmes sont perçus par les différentes espèces, car le rythme, les battements du cœur et du corps c’est la vie. La vie qui bat en rythme pour les otaries et les cacatoès comme pour les humains.     

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