Jusqu’où le bâillement est-il contagieux ? Chez nous, les humains, mais pas seulement. Une étude vient de montrer, une première, qu’un bâillement parfaitement simulé par un robot humanoïde, provoque des bâillements contagieux chez les chimpanzés.

À quoi ça sert de bâiller ? La question est loin d’être résolue. Pourquoi tous les vertébrés, sauf les girafes, bâillent à s’en décrocher la mâchoire ? Signe et signal de fatigue pour se préparer au repos et à la détente, mais aussi, c’est l’hypothèse privilégiée aujourd'hui par la communauté scientifique, pour rester éveillé, pour maintenir sa vigilance. Seules quelques espèces dont nous les humains, certains grands singes, mais aussi les loups, les chiens et les perruches ont le bâillement contagieux.
Pas besoin de vous faire un dessin. À la vue d’un congénère qui bâille, le réflexe mimétique et empathique est automatique : on a envie de bâiller. C’est contagieux et cela transcende même les barrières inter espèces. On bâille à la vue d’un humain, d’un chimpanzé ou d’un chien qui bâille et vice versa, c'est irrésistible. Mais ce que cette nouvelle étude parue dans la revue Scientific reports vient de montrer pour la première fois, c’est que ça marche aussi pour les chimpanzés face à une tête de robot humanoïde construite et programmée pour bâiller. Quand le robot ouvre grand la bouche, imitant à la perfection toutes les mimiques d’un bâillement, les chimpanzés testés ne peuvent résister et bâillent aux corneilles, eux aussi, photos et vidéos hallucinantes à l’appui.
Comment s’y sont pris les scientifiques ?
Le chercheur en neuroscience cognitive Ramiro Joly Mascheroni, de l’université de Londres, principal auteur de cette étude, a lui-même conçu, avec son équipe, ce buste humanoïde en silicone plus vrai que nature côté face. L’arrière du crâne étant une machinerie complexe composée de 33 mini servomoteurs générant des mouvements faciaux contrôlés et très réalistes de la bouche, des sourcils et des yeux. Car le bâillement, c'est la contraction intense de plusieurs muscles du visage et du diaphragme, ce qui entraîne une inspiration d'air très profonde par l'ouverture de la bouche, suivie d'une courte, mais profonde et rapide, expiration. Essayez-vous verrez. Et c’est comme cela que les chimpanzés s’y sont laissés prendre.
Quatorze chimpanzés de la fondation Mona en Espagne, un sanctuaire qui les sauve du commerce illégal ou de l’industrie du divertissement, ont passé quatre séances de 15 minutes en face à face avec cet androïde bailleur. 51% d’entre eux, soit plus de la moitié, ont bâillé chaque fois que l’humanoïde bâillait. Tandis qu’aucun d’entre eux n’a émis de bâillement quand l’androïde gardait la bouche fermée. Mais ce n’est pas tout. Les chercheurs ont aussi constaté qu’à la suite de cette contagion de bâillement, les chimpanzés cherchaient à ramasser des feuilles pour s’allonger et se reposer.
Réflexe conscient ou inconscient ? Mimétisme ou empathie ? Des questions que les chercheurs veulent creuser, car on sait que le bâillement contagieux est aussi un signal de lien social. Affaire à suivre notamment chez nous, les humains, qui n'avons pas encore été testés face à un robot plus vrai que nature dans son bâillement. D'autres études sont attendues pour mieux comprendre les mécanismes du bâillement et ce qui déclenche leur contagion chez les êtres vivants et même face à des machines. En espérant que la lecture de cette chronique ne déclenche pas trop de bâillements chez vous.
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