Comment éprouver le 6ᵉ sens sismique dont sont dotés certains animaux ? La Royal Academy of Science propose, cet été à Londres, une exposition interactive pour partager les recherches et les découvertes du laboratoire de l’université d’Oxford spécialisé dans l’étude des vibrations et du sens sismique des animaux.

Des araignées aux éléphants en passant par les crabes et les grenouilles, de nombreux animaux ont ce que les chercheurs appellent un sens sismique particulièrement développé : la capacité à détecter les vibrations de surface dans le sol, mais aussi dans l’eau ou dans l’air. Ce sens sismique, il faut le préciser, ne permet pas de prédire les tremblements de terre, mais de les ressentir – ce qui est déjà pas mal – avec une longueur d’avance sur nous, les humains. Mais comment fonctionne ce 6ᵉ sens ? Pourquoi est-il essentiel à la survie de certaines espèces et pas toujours pour les mêmes raisons ? Les araignées, par exemple, sont dotées de centaines de capteurs ultra-sensibles sur leurs huit pattes qui leur font ressentir les plus infimes vibrations de leurs toiles et leur permettent ainsi de saisir les proies dont elles se nourrissent. Mais aussi de détecter l’approche de prédateurs ou d’un potentiel partenaire. Ce sont en quelque sorte les yeux, les oreilles et le toucher des araignées.
Un sens sismique qui leur sert à communiquer
Des araignées aux éléphants... Les pachydermes aussi sont dotés d’un excellent sens sismique. Un sens sismique qui leur sert à communiquer. Les éléphants sont effectivement extrêmement sensibles aux vibrations du sol et c’est ce qui leur permet de communiquer sur de très longues distances jusqu’à une cinquantaine de kilomètres. Ils ressentent les vibrations de la terre provoquée par leurs pas ou par ceux de leurs congénères sur le sol, mais aussi les vibrations engendrées par les vocalisations très graves qu’ils émettent et qui se répercutent sur de longues distances. On pourrait presque dire que si les humains parlent, les éléphants eux vibrent… sauf quand nous perturbons leur sens sismique par nos activités humaines et c'est aussi à cela que les chercheurs de l’Animal Vibration Lab veulent nous sensibiliser.
La biologiste Beth Mortimer, qui dirige ce laboratoire, explique dans son entretien au journal de l’université d’Oxford : « Nous ne sommes généralement pas conscients de tous ces signaux sismiques vibratoires qui sont si importants, vitaux pour beaucoup d’animaux non humains, d’autant plus en période de changement climatique et environnemental ». Il est essentiel, souligne cette chercheuse, de mieux comprendre comment les animaux perçoivent et utilisent toutes les vibrations de leur environnement.
Le fait de s’immerger virtuellement, le temps d’une exposition, dans cet autre monde de perception peut aussi nous faire toucher nos limites humaines. Nous qui sommes, avouons-le, quasiment aveugles, sourds et insensibles aux vibrations de la Terre. Ajoutons aussi que ces recherches sur le sens sismique très élaboré des insectes notamment, ouvre aussi de nouvelles perspectives en robotique pour utiliser les vibrations comme une source d’information. Un capteur supplémentaire dont on pourrait équiper les robots qui nous feront vibrer demain qui sait.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne