Un éléphant, ça trompe énormément (rediffusion)
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Comment fonctionne une trompe d’éléphant ? L’organe préhenseur le plus complexe du règne animal intrigue les chercheurs en quête de bio-inspiration, qui tentent de percer les mystères de la puissance et de la précision de cet organe si polyvalent. (Rediffusion du 12 octobre 2024)

La trompe pour un éléphant, c'est bien plus qu’un nez, une bouche, un bras, une main et des doigts, c'est un peu tout cela en même temps. Les pachydermes utilisent cet appendice préhensile pour aspirer leur nourriture, s’asperger d’eau ou de sable, mais aussi pour communiquer et pour fabriquer et manipuler des outils. Car une trompe, c'est à la fois très puissant, totalement flexible et extrêmement précis et sensible. Mais comment cet organe composé principalement de muscles, résultat d’une fusion entre le nez et la lèvre supérieure de l’animal, sans aucun os, peut-il être aussi polyvalent et multitâche ? Capable de soulever des troncs d’arbres comme de saisir délicatement une brindille ? De barrir comme une trompette ou de câliner son petit ? De quoi susciter aussi l’intérêt des chercheurs en robotique.
Une des clés de cette polyvalence résiderait dans les fameuses rides qui plissent la peau des éléphants et en particulier dans les rides qui parsèment leur trompe. C’est ce que viennent de mettre en évidence une équipe de chercheurs : biophysiciens, biomécaniciens et neuroscientifiques de l’institut Max Planck et de l’université Humboldt de Berlin dans une étude parue dans la revue de science ouverte de la Royal Society. L’un des auteurs de cette étude, le professeur Brecht : « leur trompe est l’organe de préhension le plus incroyable du monde ». Avec ces 150 000 faisceaux musculaires capables de saisir avec puissance et précision des petits objets comme des charges lourdes. Grâce donc à ces rides, à ces plis sur leur trompe qui servent – en quelque sorte – de jointures souples, un peu comme nos coudes ou nos mains.
C’est en constatant que ces rides étaient toujours à la même place chez les éléphanteaux et chez les éléphants adultes. Il est courant chez le mammifère, humains compris, que les petits naissent ridés avec trop de peau pour leur morphologie. Sauf que, chez les éléphants, les chercheurs ont pu observer que ces rides apparaissaient bien avant la naissance en même temps que la trompe elle-même, vers le 20e jour de gestation et se creusait jusqu’au 150e jour d’une gestation qui dure 22 mois chez les éléphants. Les scientifiques ont pu corroborer cette découverte chez les deux espèces d’éléphants actuelles, ceux d’Asie et ceux d’Afrique qui sont dotés de trompes légèrement différentes. Chez les éléphants d’Afrique, la trompe s’achève par un appendice en forme de deux doigts, tandis que les éléphants d’Asie n’ont qu’un seul. Mais les éléphants d’Asie compensent, en quelque sorte, l’absence d’un deuxième « doigt » par un plus grand nombre de rides à des endroits pivots de leur trompe. Dernier détail de cette étude, les plis de la trompe des éléphants se creusent avec l’âge à droite ou à gauche selon que les éléphants sont droitiers ou gauchers de la trompe.
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