La marche du monde

Les voix du goulag (5/6)

Publié le :

Retour sur une histoire méconnue, une histoire longtemps occultée par la guerre froide et la division de l’Europe en deux blocs, celui de l’Est et de l’Ouest… Tandis que les Alliés fêtaient la victoire contre les nazis en 1945, la Russie de Staline continuait de déporter des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants dans les camps et les villages du goulag. Des Européens pour qui Staline n’est pas un héros, mais un bourreau. Des Européens pour qui l’Union soviétique n’est pas la puissance libératrice, mais la puissance colonisatrice. 

Joseph Staline, le 8 mars 1953, à Moscou.
Joseph Staline, le 8 mars 1953, à Moscou. AFP/Archives
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Dès 1939 et jusqu’au début des années 50, des familles polonaises, hongroises, tchèques, allemandes, lituaniennes, ukrainiennes, estoniennes, lettones et roumaines sont arrachées de leur foyer et déroutées de leur destinée. Avec les chercheurs Alain Blum et Marta Craveri, nous avons entrepris de les rechercher, pendant cinq ans, pour les enregistrer et créer les Archives sonores du goulag*. Des récits de survie et de résistance à la répression, au froid et à la faim, des récits de jeunes adultes et d’enfants où sont mêlées les plus grandes peines, mais aussi parfois les plus grandes joies… « Une école amère », selon l’une des rescapées Klara Hartman.

 

Épisode 5 : La mort de Staline

C’est dans la nuit du 5 au 6 mars 1953 que la mort de Staline est annoncée sur Radio Moscou. Quand la nouvelle tombe à deux heures du matin, elle est reprise par tous les médias internationaux. Aux yeux du monde, c’est le vainqueur de la Seconde Guerre mondiale qui disparaît tandis que 200 millions de Soviétiques se retrouvent orphelins de leur petit père des peuples.

Mais dans ce concert de louanges, quelques notes dissonantes s’élèvent timidement, dans les confins de la Sibérie et du Kazakhstan, celles des familles déportées au goulag. Comment ont-ils appris la mort de Staline, comment ont-ils réagi, quel espoir la disparition du dictateur a-t-elle suscité en eux… autant de questions auxquelles nos archives apportent de nouvelles réponses.

*Archives sonores du goulag

À lire

- Déportés en URSS. Récits d’Européens au goulag, de Valérie Nivelon, Alain Blum et Marta Craveri, éditions Autrement, en partenariat avec RFI, le CNRS et le CERCEC.

«Déportés en URSS», dirigé par Alain Blum, Marta Craveri et Valérie Nivelon. En partenariat avec RFI, le CNRS et le CERCEC.
«Déportés en URSS», dirigé par Alain Blum, Marta Craveri et Valérie Nivelon. En partenariat avec RFI, le CNRS et le CERCEC. © Éditions Autrement

© CERCEC (CNRS ; EHESS) – RFI – INED (2021)

Ce documentaire radiophonique est réalisée dans le cadre du projet « ARCHIVES SONORES - MÉMOIRES EUROPÉENNES DU GOULAG © CERCEC (CNRS ; EHESS) – RFI – INED » : Les archives sonores du goulag sont le fruit d’une enquête sans précédent, menée par une équipe de 15 chercheurs en collaboration avec RFI. Depuis 2008, plus de 180 témoignages ont été recueillis dans 14 pays différents, en Europe centrale et Orientale, également au Kazakhstan et en Sibérie. Ces archives sont nées de la volonté commune d’Alain Blum, Marta Craveri, tous deux chercheurs au CERCEC et Valérie Nivelon, journaliste et productrice à RFI de permettre aux survivants européens de la répression soviétique de témoigner. La base de données comportant ces enregistrements mais aussi des vidéos et photographies ainsi que divers documents, est librement consultable dans le livre numérique Mémoires européennes du goulagLes témoignages en ligne dans ce livre numérique sont régis par une licence Creative Commons (à l’exclusion de tout usage commercial).

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