La cuisine est au conte ce que le sel est à la vie : comme le conte, elle garde en elle les secrets d’hier, les diffuse à qui veut les goûter, elle puise son avenir dans le passé. Tour à tour, elle devient ingrédient, enseignement, morale, ustensile du conte, puisqu’elle la cuisine comme le conte est universelle et didactique. Patrimoines vivants, indispensables, jubilatoires et savoureux !

Avec le professeur Massamba Gueye, conteur, fondateur de la maison de l’oralité à Dakar, professeur de Lettres à l’Université Cheikh Anta Diop, auteur. Il conte sur scène et à la radio : contes et légendes sur Radio Sénégal Internationale. Il a publié dernièrement Art oratoire, autorégénescence du conte, Tout conte, ainsi qu’un podcast en français et en wolof sur l’histoire du Sénégal pour les jeunes.
Dans cette émission, il est question de l’Afrique, de l’Unesco et du patrimoine. De l’invention du thiébou dieune, le riz au poisson en wolof, d’un plat inédit par la géniale Penda Mbaye, cuisinière du village de Guet-Ndar à Saint Louis – (2’58), de ce plat inscrit au patrimoine immatériel universel de l’Unesco en décembre 2021. (4’30) Du petit bol niché au cœur de thiébou dieune, magie des femmes. De conte et de nourriture qui régule l’heure du conte.
Massamba Gueye nous fait le récit de cette petite fille et de sa marâtre, de la forêt, de la marmite, et d’un cœur que même les rapaces refusent de manger. Où il est question du mil (10’17) aliment de base, colonne vertébrale de l’alimentation, céréale essentielle accompagnant la vie de tout Africain de l’Ouest. (12’16) Un grain de mil est un épi, celui qui n’a pas de mil n’a rien, celui qui a du mil a tout. La cuisine comme motif indispensable du conte, de cuisine, de nourriture, de partage et d'enseignement, parce que manger c’est se mettre à la disposition des autres. (20’00) La cuisine et la magie, de la confiance absolue du mangeur au cuisinier et des supposés pouvoirs, sources parfois de craintes – infondées, qui peut parfois porter préjudice. (25’09) Le génie de la cuisine. Où l’on parle du mystère de la marmite. Et ceux dotés de la magie de la cuillère. (27’10) Remercier la terre qui produit ce que l’on mange, la cuisine est spirituelle. Manger c’est une prière. Lorsque je suis à la radio, et sur scène, mes mots nourrissent les esprits, je sers un plat. Ce que l’on va goûter. C’est le retour du plat qui fait le repas.
Le wolof, c'est le sel de ma marmite linguistique
Où il est question de ce qui construit le conte, c’est l’écoute et le retour, tant qu’il n’y pas cet échange, il n’y a pas de conte. Pour la cuisine, c'est la même chose. (32’25) du fait de parler quand on mange, et du fait que ce n’est pas une bonne idée de parler la bouche pleine. (36’33) De l’écoute de Salimto, la chanson qui donne faim, l’hymne du repas du midi et des souvenirs d’enfance de Massamba Gueye. Morceau de musique fédérateur d’un peuple, diffusé chaque jour à midi pile sur la radio nationale et joué avec des notes de musique traditionnelle.
(42’01) De transmission, du patrimoine culinaire, des contes et du wolof. Qui sait conter enfant sait vivre avec la nature et les hommes. « L’enfant ne pleure pas pour un jouet dont il ignore l’existence ». Du wolof, la langue et du conte, de combien tous les enfants seraient des adultes éclairés si le conte et le goût étaient enseignés à l’école dès le plus jeune âge, oralement. De la transmission, des contes et de la cuisine des patrimoines vivants.

Pour aller plus loin
- Massamba Gueye, auteur et scénariste avec RFI, il est l’auteur de feuilletons audio – en français et en Wolof – tels que « Le talisman brisé » et, bien sûr, le scénariste de « C’est la vie ! ».
- Gargantua, de François Rabelais.
- La semaine africaine à l’Unesco.
- Autour du patrimoine et de l’Afrique, lors de la semaine africaine à L’Unesco.
- Le thiebou dienne à l’Unesco.
- Des contes à écouter.
Programmation musicale
► Jarabi de Baboulaye Cissokho
► Salimto par Cheikh Serigne Fallou Mbacke.
LA RECETTE
De Harouna Sow – Ce thiakry est un des plats de « recette de Poche », le podcast de RFI de recettes originales réalisées avec des produits locaux africains. Le kinkeliba est une plante très appréciée en Afrique de l’Ouest. Dotée de bien des vertus, son goût rappelle la feuille de kefir, et fait merveille quand il est marié au goût plus terreux du mil.
Ingrédients pour 4 personnes :
120g de semoule de mil (thiakry)
4 ou 5 feuilles de kinkeliba verte de préférence
6 cuillères à soupe de yaourt nature
2 cuillères à soupe de sucre (et selon votre goût) 2 cuillères à soupe de lait concentré non sucré
2 cuillères à café de fleur d'oranger
120g de fruits rouges
Faites infuser le kinkéliba dans l’eau chaude pendant quelques minutes.
Mettre la semoule de mil dans un bol puis verser le kinkéliba filtré et très chaud.
Couvrir durant 15 mn.
Dans un bol, mélanger le sucre, le yaourt, le lait concentré et la fleur d’orange, et réserver au frais pendant 1 heure.
Assembler en disposant la semoule de mil au fond d'une assiette creuse, recouvrir de crème, parsemer de feuilles de menthe et de fruits rouges frais.
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