Général Marc Conruyt: «Tous les témoignages que j’ai de nos partenaires soulignent la qualité de nos formations»
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L'armée de terre a lancé cette semaine son premier séminaire des écoles d'état-major francophones partenaires. Une première édition qui s'est déroulée à Saumur et qui a rassemblé des officiers du Gabon, du Bénin, de Côte d'Ivoire et du Sénégal notamment… L'objectif : renforcer les liens entre l'armée française et ses alliés africains. Le général de corps d'armée Marc Conruyt, directeur des Ressources humaines de l'armée de terre est le grand invité Afrique de RFI.

RFI : Pourquoi ce séminaire des écoles d'état-major ? Pourquoi ce besoin ?
Marc Conruyt : Écoutez, ce séminaire s'inscrit dans un certain nombre d'objectifs qu'on a déterminé depuis maintenant presque 3 ans. Il y a 3 objectifs majeurs dans cette dynamique. Le premier, c'est de tout simplement d'augmenter le nombre de stagiaires que nous pouvons accueillir dans nos écoles. Le second, c'est d'être capable de consolider des partenariats entre les différentes écoles que nous avons, que ce soient des lycées militaires - vous avez eu l'exemple de ces 6 drapeaux de lycées militaires qui ont défilé lors du 14 juillet dernier, de Prytanées militaires africains défilant sur les Champs Elysées-, nos écoles de formation d'officiers, de sous-officiers et nos écoles de l'enseignement militaire supérieur, dont cette école d'Etat-major. Et le troisième point vise à augmenter le nombre d'officiers que nous envoyons en formation dans des écoles africaines, cette fois-ci, et parallèlement, l'objectif d'accueillir des instructeurs africains dans nos propres écoles.
Avec un mouvement de de balancier et l'interopérabilité au cœur de ce séminaire. S'agit-il de s'assurer la possibilité d'insérer des soldats français au sein des forces partenaires ?
Il s'agit de façon plus générale de continuer à créer les conditions pour que notre armée française soit capable d'opérer avec nos partenaires africains. Comme nous l'avons fait à Barkhane. À Barkhane, nous avons opéré avec un certain nombre de partenaires dans des opérations très dures d'ailleurs. L'objectif c'est bien d'être capable de continuer à être interopérable pour opérer ensemble dans de potentiels futures opérations, tant au niveau tactique qu'au niveau opératif et stratégique.
On le voit bien, il y a quand même une volonté pour l'armée française de ne plus apparaître au premier plan en Afrique, sans toutefois se couper du terrain africainnt.
Ca fait maintenant 3 ans que dans le cadre de cette densification du partenariat de formation, je suis responsable des écoles de l'armée de terre, donc, c'est vraiment dans ce cadre que je m'inscris. Je suis toujours, dans mes déplacements lorsqu'on va voir nos partenaires, extrêmement bien reçu et toutes les propositions font toujours l'objet de beaucoup d'attention et de réponse positive de leur part. À partir du moment où ces propositions combinent confiance, équilibre, respect, écoute, je dirais que ça marche. Il n'y a aucune raison que ça ne continue pas sur ce terrain.
Justement, dans le domaine de la formation, la concurrence est forte. On le voit bien, la Russie, la Chine, la Turquie sont de sérieux compétiteurs. Alors comment être attractif ?
Je pense qu'il y a quand même une grande différence entre offrir une offre de formation, venir avec une offre de formation partagée avec nos partenaires, et faire appel à des mercenaires. Ce n’est pas la même approche. Moi, tous les témoignages que j'ai de nos différents partenaires soulignent la qualité de la formation que nous sommes capables d'offrir. Qualité aussi d'une formation qui repose sur une langue commune, une culture commune, une histoire commune, des procédures communes - depuis longtemps, parce que tout ça n'est pas neuf. Nous bénéficions d'une profondeur historique dans le domaine de la formation avec nos partenaires africains.
Néanmoins, que répondez-vous aux détracteurs qui disent que c'est une façon de garder une forme de contrôle sur les armées d'Afrique francophone ?
Rien n'est imposé. Tout fait l'objet d'un dialogue sur un pied d’égalité. C’est la définition de besoin partagé qui est au cœur de la décision. Ça repose sur le dialogue. Et l'objectif c'est vraiment au-delà de l'aspect opérationnel qu'on a mentionné, c'est de créer des relations durables, fraternelles entre nos jeunesses pour que ces jeunes soient toujours capables de mieux se comprendre, de mieux se connaître. C'est vraiment ça l'objectif.
Il ne s'agit pas d'avancer masqué, général ?
Non, pas du tout. Vous savez, moi je suis responsable des écoles. Quand je vois la dynamique qui est en cours en ce moment dans nos écoles entre nos jeunes partenaires internationaux et nos jeunes officiers, de nos jeunes sous-officiers, c'est vraiment une grande satisfaction. À titre d'exemple, quand je vois qu'aujourd'hui nous avons un capitaine de Côte d'Ivoire qui est instructeur au sein de Saint Cyr, notre école phare des officiers et de toute la dynamique positive que cela a créé tant chez ce capitaine ivoirien et ensuite chez notre partenaire ivoirien que chez nos jeunes élèves officiers, je me dis qu'on est sur le bon chemin.
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