Olaf Scholz, le nouveau chancelier allemand, vient d’être investi pour un mandat de quatre ans et tourne la page des seize années d’administration Merckel. À la tête de sa coalition SPD-Verts-Libéraux, il a présenté un programme ambitieux, notamment sur une relance de l’Europe. Et la question qui se pose : peut-on dire que Paris et Berlin sont en symbiose totale sur leur conception de l’Europe ?
Avec ce nouveau chancelier à la tête de l’Allemagne, la réponse est oui globalement, et un peu non dans le détail de certains dossiers.
Globalement, Emmanuel Macron et Olaf Scholz sont en ligne sur leur conception de ce que doit être et surtout devenir l’Union européenne. À la différence d’Angela Merckel, qui était une européenne pragmatique et prudente, le social-démocrate Scholz croit en l’Europe et se dit prêt à accentuer fortement sa dimension sociale, avec notamment l’instauration d’un salaire minimum au sein des 27 pays membres, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
A priori, tout va pour le mieux, donc. Les deux dirigeants qui se sont vus, vendredi 10 décembre, à Paris, se disent partisans d’une Europe puissante, protectrice, et souveraine. Qu’il s’agisse des questions économiques, industrielles ou de politique étrangère, les deux pays affichent leur ambition d’avoir plus d’Europe. Une Europe qui s’attache aussi à la défense de ses frontières extérieures.
Mais, quand on entre dans le détail, les choses ne sont pas aussi simples
Sur la souveraineté par exemple, Paris et Berlin défendent l’idée d’une autonomie stratégique dans le cadre d’une Europe de la Défense. Mais concrètement, cette dernière n’existe que sur le papier et surtout, les Allemands sont très clairs : le véritable parapluie stratégique de l’Europe, cela doit rester l’Otan dirigée par les États-Unis.
Autre différence, sur le concept même de souveraineté : la coalition qui gouverne désormais l’Allemagne se dit favorable à une extension du vote à la majorité qualifiée dans certains domaines, pour que l’Europe parle d’une seule voix. Or la France, qui clame son désir de souveraineté européenne, n’est pas très favorable à une telle évolution qui réduirait sa propre influence. Paris s’oppose du coup à une idée très en vogue outre-Rhin ces jours-ci : la création d’un ministère européen des Affaires étrangères. Car pour Paris, l’Europe certes doit s’affirmer face au reste du monde, mais sans entraver pour autant la souveraineté de la diplomatie française. De ce point de vue, les Allemands façon Scholtz sont peut-être plus fédéralistes que les Français.
Et puis il y a deux divergences importantes, sur les politiques énergétiques et budgétaires
Les deux pays ont un réel désaccord sur le nucléaire dont Paris veut renforcer le rôle dans les années à venir quand Berlin ne veut pas en entendre parler. Et encore moins du souhait français de classer le nucléaire dans les énergies propres.
Enfin, concernant le budget européen, on sent clairement que la France veut modifier le pacte de stabilité, mis entre parenthèse durant la pandémie de Covid-19. Ce qui reviendrait à être plus souple sur les règles du 3% de déficit et de 60% maximum pour le niveau de la dette. Les Allemands, sous l’influence des libéraux du FDP, parlent eux, de retour à l’orthodoxie budgétaire. Les discussions seront sans doute tendues sur ce chapitre.
Au final, avec Olaf Scholz, on peut dire que le moteur franco-allemand est relancé, qu’il va donc rester puissant, mais qu’il pourra lui arriver de tousser de temps en temps.
► À lire aussi : Retour sur le jour où Scholz a remplacé Merkel à la tête de l'Allemagne
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne