La guerre se poursuit en Ukraine. Deux mois après le début de l’invasion russe, peut-on s'attendre à un conflit de longue durée ?

La réponse est sans doute oui. Le Premier ministre britannique Boris Johnson vient de dire « au moins jusqu’à la fin 2023 ».
En tout cas, deux mois après le lancement de l'invasion de l'Ukraine décidée unilatéralement par Vladimir Poutine, un premier constat s'impose : le président russe n'a pas atteint ses trois objectifs initiaux qui étaient d'occuper l'ensemble du territoire ukrainien, de « dénazifier » le pays et enfin de le démilitariser.
Échec sur le premier objectif : l'offensive russe s'est cassé les dents sur la formidable résistance de l'armée et du peuple ukrainiens partout dans le pays. Dès lors, les troupes russes ont dû se retirer du nord de l'Ukraine sans parvenir à faire tomber la capitale Kiev. Moscou a dû revoir sa stratégie et se concentrer sur le sud et l'est du pays où les conquêtes territoriales sont bien réelles.
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Le deuxième objectif était donc de dénazifier le régime ukrainien. Là aussi, c'est raté. Non seulement le gouvernement et l'administration sont toujours en place, mais le président Zelensky est devenu l'incarnation de la résistance acharnée d'une nation qui ne veut plus être asservie au grand frère russe. Mieux ou pire : cette offensive a considérablement accru le sentiment national et la détestation envers la Russie.
Quant au troisième objectif, échec là encore. Non seulement l'armée ukrainienne est toujours là et se bat, mais elle est désormais approvisionnée par un flux d'armes et d’équipements militaires en provenance des pays de l'Otan.
Deux mois, donc, et ensuite ? Que veut, que peut faire Vladimir Poutine ? Peut-on affirmer, comme vient de le faire Joe Biden, qu'il n'occupera jamais l'Ukraine ? Une chose semble sûre : sans doute furieux des difficultés rencontrées par son armée, Poutine a décidé de concentrer tous ses efforts dans le Donbass et contre le port de Marioupol. Nul doute alors que les combats violents et dévastateurs vont se poursuivre dans les jours et semaines à venir.
Poutine doit absolument vendre à son opinion publique, muselée et embrigadée, une victoire décisive au sud et à l'est de l'Ukraine. Le temps presse, car cette victoire doit être proclamée pour le 9 mai, célébration nationale de la victoire de l'URSS sur l'Allemagne nazie en 1945.
Il y a ainsi cette échéance à très court terme. Et ensuite ? Ces gains territoriaux effectués, ce qui n'est pas encore le cas, le dirigeant du Kremlin va-t-il considérer qu'il a malgré tout obtenu suffisamment pour se lancer dans de véritables négociations ? Rien n'est moins sûr.
Ce serait pourtant une position de négociation relativement confortable pour Moscou qui lui permettrait d'envisager des discussions pour sortir la tête haute d'un conflit qui ne se déroule pas comme prévu.
Ce serait donc la meilleure ou la moins mauvaise des solutions. Mais Poutine peut aussi rester braqué, tel un impérialiste buté, sur ses objectifs initiaux. Auquel cas, nous entrerions dans un conflit de longue durée à l'issue et aux conséquences incertaines, d'un point de vue humain, géopolitique et économique.

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