#Haarp, la théorie complotiste autour du séisme en Turquie et en Syrie
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En Turquie et en Syrie, le cauchemar continue après le séisme qui a touché la région lundi 6 février. Le dernier bilan fait état de plus de 21 000 victimes. Cette catastrophe agite les réseaux sociaux, pollués par le complotisme. Réunis sous le #Haarp, de nombreux internautes affirment que ce séisme n’a rien de naturel, à coup de fausses informations.

Un nuage orange en forme de soucoupe volante et des lumières bleues filmées dans le ciel turc, avant et pendant le séisme. Ces images seraient la preuve -selon de nombreux messages sur les réseaux sociaux- que « le tremblement de terre aurait été provoqué par l’Otan et les États-Unis pour punir la Turquie », pour son refus d'intégrer la Suède et la Finlande à l'Otan.
En réalité, ces publications s’inscrivent dans une théorie fallacieuse qui s’est répandue sous le #Haarp, partagé plusieurs dizaines de milliers de fois partout dans le monde ces derniers jours.

Cet acronyme, « Haarp », désigne un programme de recherche scientifique américain mené en Alaska depuis 1990. Ce projet étudie l’ionosphère, l’une des couches supérieures de notre atmosphère, dans le domaine des télécommunications et de la météorologie. Haarp a été financé par l’armée jusqu’en 2014, avant que ce soit finalement l’université américaine de Fairbanks qui en prenne les commandes.
Haarp, une obsession complotiste
Depuis sa création, le projet cristallise tous les fantasmes. Selon les adeptes des théories complotistes, ce serait « une arme secrète de destruction massive » conçue par l’armée américaine et capable de provoquer des tornades, des tsunamis ou des séismes, comme celui survenu en Turquie et en Syrie. Sauf que cette affirmation est totalement fausse.
Les quelques 200 antennes à haute fréquence installées en Alaska dans le cadre de Haarp, ne sont pas destinées, ni capables de créer des catastrophes naturelles. Des pays comme la Norvège ou la Russie disposent d’ailleurs de ce même type d'installations de recherche. Peu importe, cela n’empêche pas un noyau dur de complotistes de faire porter le chapeau à ce programme scientifique, à chaque nouvelle catastrophe naturelle. Cette théorie était aussi redevenue virale à l'occasion de la COP 27 qui s’est déroulée en Égypte, en novembre 2022.
Des phénomènes dans le ciel turc sans rapport avec Haarp
Plusieurs internautes affirment que les lumières bleues filmées dans le ciel turc pendant le séisme attestent de l’utilisation de Haarp. C’est faux, puisqu’il s’agirait de lumières sismiques, un phénomène naturel déjà constaté lors de plusieurs tremblements de terre, dont certains bien avant la mise en place du programme Haarp, comme par exemple au Japon en 1965 à Nagano, ou de l'explosion de transformateurs électriques.
Quant au nuage orange en forme de soucoupe volante apparu au-dessus de la ville de Bursa, quelques jours avant le séisme, il s’agit d’un nuage lenticulaire, un phénomène météorologique assez rare provoqué par le vent et l'air humide à proximité d’une montagne, sans rapport avec le séisme.
Des images sorties de leur contexte
Pour désinformer et faire du clic, certains partagent des images totalement sorties de leur contexte. C’est le cas d’une vidéo publiée ce mercredi 8 février, qui montre une lumière blanche monter progressivement dans le ciel. Celui qui la diffuse affirme que la scène se déroule en Turquie, juste avant le séisme.

Mais grâce à une recherche d'image inversée, on constate que cette vidéo a été filmée dans la ville de Balkhach, au Kazakhstan, en septembre 2022. On y voit en réalité le décollage d’une fusée Soyouz à destination de la station spatiale internationale, depuis le cosmodrome de Baïkonour situé à plus de 3 000 kilomètres de la Turquie. Une infox qui rappelle qu’il faut toujours se méfier des images qui circulent, encore plus en temps de crise.
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