Les dessous de l'infox, la chronique

Des sites pirates imitent des médias réputés à des fins de propagande pro-russe

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Images truquées, vidéos décontextualisées, citations inventées, les infox font partie intégrante du conflit entre la Russie et l’Ukraine. Ces derniers jours, ce sont de faux articles de presse, notamment du journal Le Parisien qui sont apparus sur les réseaux sociaux. Une opération de manipulation pro-russe à coup de sites internet pirates, se faisant passer pour de vrais médias.

Ces articles n'ont pas été publiés par Le Parisien mais par un site frauduleux se faisant passer pour le média français.
Ces articles n'ont pas été publiés par Le Parisien mais par un site frauduleux se faisant passer pour le média français. © Captures d'écran/ Montage RFI
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Usurper l’identité du site internet du journal français Le Parisien pour diffuser de faux articles de presse, c'est la stratégie adoptée par un site à l’origine mystérieuse apparu en ligne ces dernières semaines. Pour tromper les lecteurs, cette page pirate emprunte tous les codes du site officiel, que ce soit sa charte graphique, son logo, la disposition des rubriques ou encore la police d’écriture. Celle-ci va même jusqu’à conserver les liens menant vers le vrai site internet du média. Autrement dit, lorsqu’on clique sur une rubrique ou un sujet autour de ces faux articles, on se retrouve sur le site officiel du Parisien.

À première vue tout porte donc à croire qu’il s’agit là d’articles authentiques. En réalité, c'est une manipulation habilement orchestrée dans le but de désinformer. 

Le site pirate imite parfaitement la charte graphique du site officiel du Parisien.
Le site pirate imite parfaitement la charte graphique du site officiel du Parisien. © Captures d'écran/ Montage RFI

Pour s’en rendre compte, il faut faire attention à l’URL, c’est-à-dire à l’adresse du site présente en haut, dans la barre de recherche. Dans notre cas, c’est le nom de domaine « leparisien.ltd » qui s’affiche et non pas « leparisien.fr » qui est la véritable et unique adresse du journal. La différence est volontairement subtile pour tromper les lecteurs. 

Les faux articles sont publiés sur le site pirate "leparisien.ltd" qui usurpe l'identité du site officiel "leparisien.fr".
Les faux articles sont publiés sur le site pirate "leparisien.ltd" qui usurpe l'identité du site officiel "leparisien.fr". © Captures d'écran/ Montage RFI

Articles ouvertement pro-russe

La dizaine de faux articles publiés sur le site pirate affiche le même objectif : critiquer l’Occident et l’Ukraine à coup de fausses informations. Les titres parlent d’eux-mêmes : « Joe Biden est un terroriste », « La zone euro craque sur toutes les coutures » ou encore « Le conflit ukrainien saccage les Français. » Le Parisien n’a en réalité jamais publié ces papiers. En réaction, le quotidiena annoncé porter plaintepour faire cesser le plagiat.

Il est « difficile de ne pas y voir l’ombre de la Russie, qui mène depuis plusieurs années – et plus encore depuis le début de la guerre en Ukraine – une guerre informationnelle. Toutefois, il est impossible en l’état de remonter jusqu’au créateur de ce faux site », précise la rédaction. 

Ces articles n'ont pas été publiés par Le Parisien comme le site pirate voudrait le faire croire.
Ces articles n'ont pas été publiés par Le Parisien comme le site pirate voudrait le faire croire. © Captures d'écran/ Montage RFI

Une stratégie de désinformation déjà documentée

Ce n’est pas la première fois que des sites frauduleux usurpent l’identité de médias réputés pour diffuser des infox. Ce procédé a déjà été utilisé par la propagande russe depuis le début du conflit. Fin 2022, plus de 60 sites pirates comparables avait été identifiés par EU Disinfo Lab, une ONG Belge de lutte contre la désinformation. 

À écouter aussi : L’infrastructure d’Internet manipulée par des opérations de désinformation

Les médias des quatre coins du monde sont touchés, allant du Washington Post, au Spiegel, au Monde ou encore à Gulfnews. La stratégie est toujours la même : une page reprend parfaitement la charte graphique du média et utilise un nom de domaine presque similaire (spiegel.cab au lieu de l’authentique spiegel.de par exemple). Cette technique de manipulation est très utilisée car elle ne coûte que quelques dizaines d’euros à mettre en place.   

Le rôle des relais de propagande

La particularité de ces pages pirates, c’est qu’on ne peut y accéder que par un lien partagé en ligne, sur les réseaux sociaux et les messageries en ligne, ou via une recherche par mots clés. Cela s’explique par le fait que ces sites internet ne disposent pas de pages d’accueil comme les médias traditionnels. Leur diffusion dépend donc de ceux qui les propagent. 

Dans le cas des faux articles du Parisien, ce sont les traditionnels relais de la propagande russe qui ont volontairement propagé les faux articles, avant que certains internautes ne tombent dans le piège. Raison pour laquelle en cas de doute, il faut toujours penser à vérifier le nom de domaine dans la barre de recherche.   

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