Menaces sur l’information

Guinée-Bissau: les médias sous pression à l'approche de la présidentielle de novembre 2025

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Menaces quotidiennes, agressions, censure : les journalistes de Guinée-Bissau et leurs invités sont régulièrement la cible d'intimidations à l'approche du scrutin, présidentiel et législatif, prévu le 23 novembre. Dernier exemple, deux médias publics de l'ancienne puissance coloniale, le Portugal, ont été expulsés en août. Dans ce climat, certaines radios paient un lourd tribut à leur indépendance éditoriale. Capital FM, l'une des plus écoutées du pays, a été attaquée à deux reprises

La radio privée Capital FM, l'une des plus critiques de l'actuel exécutif de Guiné-Bissau, a été victime de vandalisme.
La radio privée Capital FM, l'une des plus critiques de l'actuel exécutif de Guiné-Bissau, a été victime de vandalisme. © Mussá Baldé / RFI
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La Guinée-Bissau abrite de nombreuses radios privées et communautaires, avec pas moins de 88 stations. La plus populaire, Radio Capital FM, a été attaquée à deux reprises. « Les menaces que l’on reçoit sont fréquentes, nous en recevons presque tous les jours, raconte Lancuba Danso, directeur de l’information de la station. Mais nous avons aussi été physiquement attaqués. En 2020, des hommes ont envahi nos locaux, à l’aube, et ils ont tout saccagé. En 2022, à nouveau, des hommes armés et cagoulés sont rentrés dans notre rédaction, on les a vus casser tout le matériel et ils ont blessé sept de nos collègues ». 

Mais les journalistes ne sont pas les seuls à être menacés. Toute personne prenant publiquement la parole à la radio s’expose à de potentielles intimidations ou menaces, ce qui complique évidemment le travail des journalistes. « Quand on invite des chercheurs ou spécialistes, souvent, ils refusent, de peur de ce qui pourrait leur arriver. Et ceci parce que, malheureusement, en Guinée-Bissau, tout est politique, poursuit Lancuba Danso. La santé, par exemple. Le secteur a vécu plusieurs périodes de grèves cette année. L’invité ne pourra pas analyser la question sans mentionner l’inaction du gouvernement. Et s’il le dit, il aura des problèmes. »

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À l’approche des élections présidentielles et législatives prévues le 23 novembre la situation semble se tendre un peu plus. En août, les autorités bissau-guinéennes ont ordonné l’expulsion de deux médias publics portugais, fermant leurs bureaux et leurs émissions.

Lorsqu'elle a pris connaissance de cette décision, la journaliste portugaise de l'agence de presse Lusa, Helena Fidalgo s'est dite « surprise » : « Je ne m’y attendais pas du tout ! Les autorités ne nous ont donné aucune explication claire et officielle. On attend de savoir ce qui va se passer. »

Le Premier-ministre Braima Camará a rompu le silence des autorités autour de cette expulsion, en invoquant une question de « souveraineté nationale » pour justifier la décision.

La veille, un autre journaliste de la chaine portugaise RTP, le Bissau-guinéeen Waldir Araújo, a été violemment battu en plein cœur de la capitale. La photo de son visage, tuméfié et ensanglanté, a rapidement circulé sur les réseaux sociaux, et Reporters sans Frontières a dénoncé cette agression. Les assaillants, masqués, auraient dit à Araújo qu’il mérite cette punition pour avoir terni l’image de la Guinée-Bissau.

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