Politique, le choix de la semaine

La semaine où Gerald Darmanin a trébuché

Publié le :

Retour sur la difficile semaine de Gerald Darmanin. Le ministre de l’Intérieur a été au cœur de plusieurs polémiques. Et plusieurs de ses collègues du gouvernement n’ont pas hésité à prendre leurs distances avec lui. Revenons sur ces jours où le prodige venu de la droite a trébuché. Tout est parti du fameux article 24 de la proposition de loi sur la sécurité globale.

Le ministre français de l'Intérieur Gerald Darmanin, portant un masque protecteur, à la sortie de la réunion hebdomadaire du cabinet à l'Elysée à Paris, France, le 25 novembre 2020.
Le ministre français de l'Intérieur Gerald Darmanin, portant un masque protecteur, à la sortie de la réunion hebdomadaire du cabinet à l'Elysée à Paris, France, le 25 novembre 2020. REUTERS - CHARLES PLATIAU
Publicité

Très controversé, l'article 24 prévoit d’encadrer la diffusion d’images des forces de l’ordre lors des manifestations. Il a mis le feu dans l’hémicycle, dans la rue, et la majorité en ébullition. 30 députés marcheurs se sont abstenus, 10 autres ont voté contre.

Ce n’était pas un record mais le rejet jusque dans les rangs de la macronie est important. Gerald Darmanin avait pourtant lâché du lest en réécrivant cet article. Mais c’est loin d'être suffisant pour lever tous les doutes.

Castaner remporte la manche

Si c’est le Premier ministre Jean Castex qui a décidé de cette nouvelle version, l’initiative est venue de Christophe Castaner. Le patron des députés En Marche a vu la colère monter dans ses rangs et il a demandé une réunion à Matignon avec Gerald Darmanin. L’ancien occupant de la place Beauvau a remporté cette manche. Gérald Darmanin présente une nouvelle version. Il a dû reculer.

Mais les images des violences policières lors d'une manifestation de journalistes samedi dernier, lors de l’installation de migrants sans abri place de la République ou celles de l'interpellation d'un producteur de musique frappé par des policiers font l'effet d'un choc.

L'aile gauche de la macronie se démarque

À tel point que plusieurs ministres ont voulu marquer leurs différences. Le premier flic de France a vu certains de ses collègues faire un pas de côté. Essentiellement l'aile gauche de la macronie. Elle est majoritaire au sein du gouvernement mais n'arrive pas à se faire entendre face aux poids lourds de la droite. Emmanuelle Wargon, Marlène Schiappa ont appelé à traiter « les migrants avec humanité et fraternité ».

« Territoires de progrès », le mouvement de l'aile gauche de la macronie, créé par Jean-Yves Le Drian (Affaires étrangères) et Olivier Dussopt (Budget), a réclamé que l'IGPN soit remplacée par une autorité indépendante. Le ministre de la Justice Éric Dupont-Moretti lui est sorti tardivement dans les médias pour défendre son collègue.

Des pas de côté, pas une vraie rupture. Le ministre Darmanin a trébuché pour la première fois depuis son ascension fulgurante au gouvernement, lui a qui tout réussissait jusqu'à présent et qui n'avait pas hésité à demander une promotion dans la pesse juste avant le dernier remaniement.

Sous la pression de l'Élysée, il a tenu un discours de fermeté face aux policiers qui auraient commis des abus.

« Il est très actif, parfois hyperactif, mais ces petites phrases ne sont pas nécessaires », reconnaît un cadre de la majorité. Cette polémique autour des forces de sécurité n’est pas pour autant une mauvaise nouvelle pour Emmanuel Macron. Le chantre du « en même temps » pourra se targuer d’avoir une jambe gauche et une jambe droite bien visibles.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes