Lecornu peut-il réussir là où Bayrou a échoué?
Publié le :
Rentrée politique sur les chapeaux de roue. François Bayrou n'a pas réussi son pari du vote de confiance. Il a dû démissionner. C'est Sébastien Lecornu qui lui a succédé. Les adversaires politiques d'Emmanuel Macron ont dénoncé le choix de ce nouveau Premier ministre encore une fois issu du bloc central, désigné pour mener la même politique et selon eux destinée au même avenir. Sébastien Lecornu peut-il réussir là François Bayrou a échoué ?

« C'est comme comparer Mozart et Charles Trénet », s'amuse un parlementaire du bloc central à propos des méthodes de Sébastien Lecornu et de François Bayrou. Une manière de dire qu'ils aiment tous les deux la musique mais qu'ils ne jouent pas la même partition. Déjà parce que trois décennies les séparent mais aussi en raison de leurs personnalités. Le Béarnais est arrivé à Matignon en cador de la politique, trois fois candidat à la présidentielle, sûr de son destin et de ses idées, persuadé que son chemin était le bon et que ce n'était pas négociable, constatent certains dans son camp pour expliquer son incapacité à discuter notamment avec les socialistes et finalement son échec.
Rien à voir avec Sébastien Lecornu qui a su attendre son heure dans l'ombre et que tous ceux qui le connaissent décrivent comme « malin », « habile », « créatif », « ouvert au dialogue ». « Il est prêt à composer », veut croire un macroniste.
Mais Sébastien Lecornu a-t-il les coudées franches ?
C'est toute la question car en l'absence de majorité Sébastien Lecornu est dans la même impasse que François Bayrou. Pour former un gouvernement et faire passer un budget, il va devoir faire des concessions d'abord à la gauche, aux socialistes peu enclins à se laisser amadouer. Le président aurait, rapporte une source, donné une large marge de négociation à son nouveau Premier ministre. Les deux hommes ont une relation fluide, de grande confiance. Cette proximité irrite les oppositions, mais dans le bloc central où on veut voir le verre à moitié plein, on estime que c'est quand même un atout pour le Premier ministre d'avoir l'appui du président pour manœuvrer mais à sa manière. Sébastien Lecornu va d'abord écouter et ne parlera que quand il aura quelque chose à dire, après avoir vu tous ceux avec lesquels il va essayer de bâtir ce fameux compromis, cet accord de non-censure, brevet de survie à Matignon. Discrètement car c'est sa marque de fabrique.
Et si jamais Sébastien Lecornu échoue ?
Alors ça sera la crise politique, le blocage, la démonstration que Barnier, Bayrou ou Lecornu à Matignon, ça ne change rien, qu'Emmanuel Macron n'a plus de solution. La voie ouverte à une nouvelle dissolution.
À lire aussiFrance: la nomination de Sébastien Lecornu ne change pas l'équation politique
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne