Il rêve à voix haute d’un « trou de souris » électoral qui lui permettrait de se faufiler au second tour de la présidentielle en avril prochain et pourquoi pas s’y imposer. Mais pour Jean-Luc Mélenchon, la tendance est plutôt aujourd’hui à une élimination dès le premier tour, alors qu’il a d’ores et déjà annoncé qu’il s’agirait de son ultime candidature présidentielle. Mais cette dernière danse dissimule un flou quasi total sur ses intentions et sur l’avenir de son mouvement politique en cas de défaite.

Il l’a promis, ce sera la der des der, l’ultime combat, la mère de toutes les batailles et si ça ne marche pas, basta ! « J’ai 70 ans, ma carrière est derrière moi », rappelle régulièrement Jean-Luc Mélenchon. Pas question de rempiler pour une quatrième candidature présidentielle. L’Insoumis hésiterait même à solliciter un nouveau mandat de député. La greffe n’a pas vraiment pris à Marseille, sa circonscription actuelle. « On ne sait pas du tout ce qu’il veut faire », reconnaît un cadre de la France insoumise (LFI). « Il a depuis longtemps l’idée de créer une fondation ou un club de réflexion politique », se souvient François Cocq, ancien proche du leader insoumis, parti depuis soutenir Arnaud Montebourg. « Il s’est toujours vu comme un intellectuel, mais tout va dépendre de son score à la présidentielle. Si c’est plus haut que prévu, ce sera difficile pour lui de sortir du jeu », poursuit celui qui avait été l’un des fondateurs du Parti de Gauche, l’ex mouvement de Jean-Luc Mélenchon.
La guerre de succession a déjà commencé chez les Insoumis
Si aucune dissension ne s’est pour l’instant publiquement affichée, les épées s’aiguisent dans l’ombre. Il y a d’un côté les vieux grognards, compagnons de route de Jean-Luc Mélenchon comme le député Alexis Corbière et de l’autre la nouvelle garde, qui s’est révélée ces cinq dernières années, à l’image du nordiste Adrien Quatennens, très populaire parmi les militants. Mais d’autres ambitions pourraient se révéler au sein du groupe parlementaire : Clémentine Autain, forte de sa bonne campagne aux dernières élections régionales ou l’inclassable François Ruffin. « Mais il ne faut pas compter sur Jean-Luc Mélenchon pour désigner un successeur », estime François Cocq, « car au fond il estime que personne n’est à la hauteur ».
Sans leader naturel, le risque de l’affaiblissement
Laisser un mouvement sans chef est un risque politique majeur, sauf à recomposer le courant politique. C’est notamment pour cette raison qu’une nouvelle structure a été lancée à l’occasion de cette campagne : l’Union Populaire, qui doit permettre de faire entrer du sang neuf dans les rangs. Car la gauche française risque de repartir d’une page blanche en 2022 et il ne faudra pas rater le virage. « Peut-être que nous allons reconstruire de manière plus collégiale », avance l’eurodéputé insoumis Manuel Bompard, « de toute façon il faut bien un jour couper le cordon. » Sauf si bien sûr Jean-Luc Mélenchon s’y accroche.
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