Questions d'environnement

Quels sont les maux et les mots du projet d’accord à la COP28?

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Alors qu’elle aurait dû s’achever ce mardi matin, la conférence internationale sur le climat joue les prolongations aux Émirats arabes unis. Le projet d’accord présenté par la présidence de la COP28 n’a contenté presque personne. Il est jugé faible dans son ambition, mais également dans son langage.

Majid al-Suwaidi, le directeur général de la COP28, le 12 décembre 2023 à Dubaï.
Majid al-Suwaidi, le directeur général de la COP28, le 12 décembre 2023 à Dubaï. © AP - Peter Dejong
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Le texte est court, 21 pages, et comprend en tout et pour tout 238 paragraphes censés préfigurer de l’action climatique internationale pour les prochaines années. En l’état, cependant, il ne sera pas adopté par les 195 états présents à Dubaï. Son manque d’exigence est notamment montré du doigt.

Le paragraphe 47 « encourage » ainsi les pays à prendre des engagements permettant de limiter le réchauffement climatique à +1,5 degré. Un choix de vocabulaire très vite dénoncé : l’objectif de cette COP28 étant de maintenir en vie l’Accord de Paris sur le climat, « exiger » des États plutôt que les encourager aurait été un minimum pour de nombreux représentants.

Ce faible niveau d’action transpire dans tout le texte : il « prend note » 46 fois, il « reconnaît » 43 fois, il « encourage » 32 fois, mais à l’inverse, il ne « demande » que 16 fois, il « presse » 13 fois, et surtout ne « décide » que cinq fois. Ce n’est d’ailleurs qu’à la douzième page que le terme apparaît pour la première fois.

Un projet décevant

Cette nouvelle mouture déçoit d’autant plus que les précédentes versions étaient bien plus ambitieuses. Elles mentionnaient une « sortie » des combustibles fossiles. Cette fois, le paragraphe 39 qui aborde le thème est bien plus vague. Il « reconnaît » un besoin de baisser les émissions de gaz à effet de serre, et « appelle » les pays à prendre des mesures parmi une liste de huit options.

Parmi celles-ci, un triplement des énergies renouvelables (sans objectif chiffré, contrairement à une version antérieure), une réduction rapide du charbon, ou « réduire » la production et la consommation de combustibles fossiles. La formulation de ce passage ambigu laisse libre court à l’interprétation car les termes et objectifs ne sont pas définis. Surtout, pour ses détracteurs, le passage sur les fossiles n’est plus qu’une option parmi d’autres, réduisant alors grandement la portée de cette mention.

Avec ce texte, on peut supposer que la présidence émirienne a volontairement entretenu un flou pour satisfaire le plus grand monde. Mais à trop vouloir ménager toutes les parties, l’inverse s’est produit et le texte ne sera pas voté en l’état. Une nouvelle mouture est attendue à 18h à Dubaï ce mardi.

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