Microsoft et l'obsolescence programmée de Windows10: faut-il jeter son ordinateur?
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Le géant américain de l'informatique arrête les mises à jour de sécurité de son système d'exploitation, avec 400 millions d'ordinateurs concernés et risquant de partir à la décharge ; un scandale économique et écologique.

« Ils accompliront des choses que leurs parents n’auraient jamais imaginé, parce que tous ces enfants grandiront à l’ère de Windows 10. Le futur commence maintenant » : c’était en 2015. Microsoft lançait, à grand renfort de publicités, son nouveau système d’exploitation, Windows 10. Mais 10 ans plus tard, alors que les enfants ne sont peut-être pas encore tout à fait des adultes, le « futur » appartient déjà au passé. C’est en effet aujourd’hui que le géant de l’informatique américain arrête les mises à jour de sécurité de Windows 10, rendant les ordinateurs personnels encore plus vulnérables aux virus et cyberattaques.
À force de pétitions et protestations, les consommateurs européens viennent d’obtenir un sursis d’un an ; Microsoft promet d’assurer des mises à jour, mais se garde bien d’en faire la publicité. Pour le reste du monde, il n’y a pas 36 solutions : il faut soit payer pour avoir des mises à jour de sécurité, soit passer à Windows 11. Mais de nombreux ordinateurs ne sont pas assez puissants, ce qui contraint leurs utilisateurs à acheter un nouveau PC. Les fabricants, évidemment, se frottent les mains. La planète, un peu moins.
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Jusqu'à 400 millions d'ordinateurs rendus obsolètes
Les conséquences environnementales s’annoncent énormes, alors qu’on estime que jusqu’à 400 millions d'ordinateurs dans le monde sont concernés. « L’impact environnemental d’un ordinateur est lié à plus de 90 % à sa production, souligne Julie Caillard, chargée de plaidoyer de l’association française HOP, Halte à l’obsolescence programmée. Le renouvellement est une source d’impact très importante puisqu’il stimule la production de manière prématurée. Si on a un remplacement de ces 400 millions d’ordinateurs incompatibles, on pourrait avoir l’émission de plus de 70 millions de tonnes de CO2, ce qui est assez considérable et dont on pourrait se passer au vu de la situation actuelle. » L'émission de 70 millions de tonnes de CO2 serait comme si on brûlait plus de 100 millions de barils de pétrole.
D’un point de vue juridique, au regard de la loi française, la fin de Windows 10 n’est pas considérée comme de l’obsolescence programmée, même si on s’en approche. L’obsolescence programmée est un concept presque aussi vieux que le capitalisme pour pousser à consommer, notamment des produits difficiles à réparer. « Ce sont des produits assez complexes, avec souvent beaucoup de pièces miniaturisées ; on se retrouve dépendant des constructeurs », relève Julie Caillard. Autre phénomène pointé du doigt : « l’obsolescence culturelle, ou l’obsolescence marketing, pour donner envie de la nouveauté. Acheter par exemple le nouvel aspirateur qui fait aussi serpillère plutôt que de conserver son vieux balai parce qu’il n’est pas à la mode et qu’il marcherait moins bien pour ramasser la poussière ! »
Petites amendes, gros bénéfices
Le phénomène de l’obsolescence programmée est particulièrement marqué dans le secteur du numérique, en particulier pour les téléphones. Plus de 700 millions de portables sont jetés chaque année dans le monde. La technique la plus répandue est la mise à jour qui rend obsolète votre téléphone qui marchait très bien juste avant, comme Apple l’avait fait juste avant le lancement de l’iPhone 8, en 2017.
« Quand on a un iPhone qui se met à ne plus très bien fonctionner du jour au lendemain à cause d’une mise à jour, on va peut-être être poussé à acheter la dernière version alors qu’on aurait pu continuer avec son iPhone sans problème », rappelle Julie Caillard, de l'association HOP.
Après la révélation de ce scandale, Apple avait été condamné en France à 25 millions d’euros d’amende. Une « douloureuse », vraiment ? Cette année-là, la firme américaine avait réalisé quelque 80 milliards d’euros de bénéfices.
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