La marche à pied est bonne pour la santé, l'économie et l'environnement. Une étude de l'Ademe a même chiffré à 57 milliards d'euros par an les gains pour la société française.

C’est le moyen de déplacement le plus écologique qui soit : la marche à pied, qui a accompagné l’Histoire de l’humanité, depuis que nos ancêtres ont adopté la bipédie – il y a des millions d'années déjà, ils marchaient sur leurs deux jambes. On marche aussi pour faire la révolution « Marchons, marchons », appelle l’hymne national français, La Marseillaise. En Chine, afin d’arriver au pouvoir, Mao avait lancé « la Longue marche ». Au Maroc, « la Marche verte » a permis de s'emparer du Sahara occidental. En France encore, on peut marcher pour se faire élire président : Emmanuel Macron avait lancé le mouvement « En marche », en marche vers l’Élysée.
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Mais le plus souvent, on marche sans le savoir, sans s’en apercevoir – la marche ne se résume pas à une promenade ou une randonnée, c’est au quotidien. « Il y a plein de formes de marches qu’on connait mal, souligne Mathieu Chassignet, ingénieur mobilités durables à l'Ademe, l'agence française de la transition écologique. Il y a par exemple la marche pour se rendre à un arrêt de transport collectif, qui correspond à une pratique importante en minutes par jour en moyenne. Il y a d’autres formes de marche dans les espaces privés, comme dans un supermarché ou un centre commercial, par exemple, où on fait de longues distances. Ça peut être au bureau, et ça peut être dans notre domicile. » Les Français marchent ainsi en moyenne 1h12 par jour, moins qu’il y a 40 ans avant qu'on installe des zones commerciales à l'extérieur des centres-villes.
Marcher sans consommer d'essence
Marcher ne présente que des avantages. La marche à pied, c'est bon pour la santé, l'économie et le climat, comme le montre une étude de l'Ademe : la marche rapporte en France 57 milliards d'euros par an. Aux deux tiers, « ce sont les gains sur la santé, l’amélioration de l’espérance de vie », précise Mathieu Chassignet, qui a participé à cette étude. Une meilleure santé entraine aussi une amélioration des gains de productivité au travail. « On sait qu’un salarié actif est plus productif qu’un salarié inactif ». La marche engendre aussi « des réductions de coût pour les collectivités, puisqu’il est moins cher de faire des trottoirs que de faire de la voirie automobile. C’est aussi un gain pour les ménages, puisque quand on se déplace à pied plutôt qu’en voiture, c’est tout bête, mais cela coûte moins cher et cela permet donc de faire des économies. La diminution du bruit, de la pollution et de la congestion » représente enfin 8 % des gains. Quand on marche, pas besoin d'essence, pas d'émission de CO2.
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Mais il y a des obstacles à la marche, et pas seulement parce qu'on est paresseux ! La marche représente en France en moyenne un quart des déplacements, mais seulement 12 % à la campagne, « d’une part parce qu’il y a moins d’activités à proximité, d’autre part parce que la place du piéton est parfois inexistante. Pleins de rues ou de routes à la campagne sont sans trottoir, par exemple, donc on ne peut même pas marcher, relève Mathieu Chassignet, de l’Ademe. On ne peut pas se contenter de ne pas prendre en compte la marche dans les politiques publiques. Il faut donner davantage d’espaces aux piétons, sécuriser les trajets. Il y a parfois des trottoirs beaucoup trop étroits dans nos villes, donc il faut des trottoirs larges et pas encombrés en permanence par du stationnement et des poubelles. »
Le mythe des 10 000 pas
Mais combien de pas faut-il faire pour rester en bonne santé ? Tout dépend de son âge, mais globalement 6 000 à 8 000 pas par jour suffisent – au-delà, comme l’ont montré plusieurs études, il n’y a pas véritablement de gains pour la santé, alors qu’on parle souvent de 10 000 pas par jour. Un mythe, en réalité, inventé par une entreprise japonaise au moment des Jeux olympiques de Tokyo, en 1964. Elle vendait un podomètre baptisé Manpo-Kei. Man, en japonais, signifie 10 000. Un chiffre rond, qui ne reposait sur rien, juste sur sa valeur marketing, et qui est resté. La publicité nous fait souvent marcher.
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