Et s’il n’était plus possible de se soigner contre le paludisme à cause du changement climatique?
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Le réchauffement planétaire est bel et bien lié à la production de médicaments. C’est ce que démontre une étude d’Unitaid. Exemple avec le paludisme qui a touché 249 millions de personnes l’année dernière selon l’OMS et fait plus de 600 000 morts dont 9 sur 10 répertoriés en Afrique.

Avant d’arriver entre les mains des malades, les traitements antipaludéens suivent tout un parcours de fabrication, qui commence dans les champs, puisque des molécules contre le paludisme sont extraites d’une plante : l’artémisine. « C’est une plante cultivée notamment en Chine, et comme toutes les plantes, lorsqu’elle est soumise à de fortes chaleurs ou quand elle manque d’eau, elle va moins produire du principe actif dont on a besoin. Avec le changement climatique, une des sources essentielles à la fabrication de médicament peut se tarir », explique Vincent Bretin directeur santé-climat chez Unitaid, une organisation d’aide à l’accès aux médicaments dans les pays pauvres.
La deuxième menace, « c’est la production qui se fait principalement en Inde », poursuit-il. « La plupart des sites de fabrication sont extrêmement concentrés dans deux régions de l’Inde, près de Mumbai et d’Hyderabad. Des régions soumises à des risques d’inondation qui vont aller en augmentant dans le futur ». En cas d’inondation, les chaînes d’approvisionnements sont en péril selon lui.
Un médicament sensible à la chaleur
Enfin, le dernier risque identifié par Unitaid, c’est le risque de vagues de chaleur. « Le médicament voyage, notamment dans les pays d’Afrique » rappelle Vincent Bretin. « Or, il est sensible aux fortes chaleurs et s’il est conservé trop longtemps à des températures supérieures à 30°C, son efficacité diminue et on imagine l’impact sur les populations qui ont besoin d’un traitement contre le paludisme. »
Toutefois, il y a des pistes pour diminuer l’impact du réchauffement climatique sur les médicaments en général. Ne pas tout produire au même endroit pour éviter qu’une sécheresse ou une inondation localisée mette en péril toute la production ou développer de nouvelles molécules, plus résistantes à la chaleur et aux canicules, pour les conserver plus facilement.
L’industrie pharmaceutique doit donc s’adapter sur ce point, mais aussi investir pour diminuer son impact sur le réchauffement climatique et réduire ses émissions de gaz à effet de serre. La fabrication du premier traitement utilisé dans le monde aujourd’hui contre le VIH qui cause le sida émet autant de gaz à effet de serre que la ville de Genève pendant un an.
La chimie verte, solution d'avenir ?
Parce qu’il faut des réactions chimiques complexes qui nécessitent beaucoup d’énergie, quelques milligrammes de molécules sont à l’origine de plusieurs mégatonnes de CO2 relâchés dans l’atmosphère, note le rapport d’Unitaid.
L’organisation affirme qu’il est toutefois possible de réduire ces émissions de 40 % sans augmenter les coûts de production, ce qui est primordial pour garantir l’accès à des traitements essentiels et déjà hors de portée de beaucoup de malades. Une solution peut être d’utiliser la chimie verte. Un ensemble de techniques qui vise à simplifier la synthèse des médicaments, utiliser des procédés moins énergivores, recycler les composants et réduire le nombre de composants… En somme, l’industrie pharmaceutique doit, elle aussi, devenir durable.
À écouter aussiDr Charles Shey Wiysonge (OMS): ces vaccinations sont «une étape historique» dans la lutte antipaludique en Afrique
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