Delta du Niger: dans l'État de Bayelsa, la nature et les habitants victimes d'une marée noire (2/3)
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Cette région-clé pour l'économie du Nigeria est secouée par une nouvelle catastrophe liée à la production pétrolière. Plusieurs villes et villages de l'État de Bayelsa sont actuellement ravagés par une marée noire et une pollution de gaz. Selon le porte-parole du gouverneur de l'État de Bayelsa, deux millions de barils de brut auraient été déversés dans la rivière Santa Barbara, polluant la faune et la flore de cette région souffrant d'un environnement dégradé depuis plusieurs décennies. Ce chiffre de deux millions est contesté par AITEO, propriétaire du puits Santa Barbara n°1, qu'elle a racheté à Shell en 2015. Considérée comme l'une plus grandes compagnies pétrolières privées nigérianes, AITEO a mis 32 jours pour stopper cette fuite, qui a démarré officiellement le 5 novembre dernier.

De notre envoyé spécial de retour de Yenagoa,
Nataniel est l'un des premiers pêcheurs à s'être installé à Sunny Kiri, il y a 40 ans. Depuis la marée noire sur la rivière Santa Barbara, il se sent inutile car il ne peut plus travailler. Miné par la colère et la honte, Nataniel ne supporte pas de devoir dépendre de l'aide alimentaire distribuée par l'État de Bayelsa.
Une aide d'urgence détournée en cours de route selon lui : « Les gens de Nembe qui n'ont pas été durement touchés comme nous par la marée noire ont pris toute l'aide humanitaire. Nous ne sommes pas contents. L'aide devrait être donnée directement aux communautés en première ligne. Il faut que l'État de Bayelsa vienne ici avec des agents de sécurité pour distribuer l'argent. »
Des problèmes de santé de plus en plus graves
Pas très loin de la maison de Nataniel, Deborah n'a reçu que quelques kilos de riz. Cette jeune femme se demande comment, dans quelques jours, elle va nourrir ses deux enfants en bas âge. Elle est aussi préoccupée par la détérioration de l'état de santé de son nourrisson, Bright, âgé d'à peine un an : « Mon bébé est gravement malade. Il tousse, comme s'il avait un gros rhume. Il a des éruptions cutanées sur tout le corps. Il se gratte partout toute la nuit. Il n'en dort pas la nuit, et moi aussi je suis épuisée car je le veille. »
Deborah a besoin de près de dix euros pour louer une pirogue à moteur, le moyen de transport le plus rapide afin rejoindre le centre de santé le plus proche. Sa crainte, c'est de vivre le même drame que des voisins, parents d'une petite fille décédée quelques semaines après l'explosion du puits Santa Barbara n°1 appartenant à la compagnie pétrolière AITEO.
« Je pense que la maladie et le décès de cette petite fille ont été causés par les émissions de gaz. L'enfant n'était pas gravement malade. Elle marchait dans Sunny Kiri et elle est subitement tombée. Elle a commencé à pleurer. Son corps est devenu très chaud. Elle a été évacuée en urgence à Nembe. Puis on a appris que l'enfant était morte. Si elle avait été malade pendant une semaine, deux semaines, nous ne serions pas en état de choc. Jusqu'à aujourd'hui, sa mère n'est pas revenue ici... »
Deborah serre très fort le petit Bright, qui s'est assoupi dans ses bras.
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