RDC / Ouganda: Mangina, une cité «refuge» menacée par les ADF [1/6]
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Cette semaine, à l'occasion des trois mois de l'opération conjointe entre l'Ouganda et la RDC, RFI vous emmène dans l’Est de la République démocratique du Congo et dans l’Ouest de l’Ouganda sur la piste des ADF. Lucie Mouillaud et Coralie Pierret sont parties à la frontière entre les deux pays. Elles signent six épisodes pour comprendre qui sont les ADF et la crise qu’ils provoquent. Ce groupe armé d’origine ougandaise continue, plus de vingt ans après son arrivée, de terroriser la population congolaise.
Le 30 novembre 2021, l’armée ougandaise est entrée sur le sol congolais, pour une nouvelle fois tenter d’en finir avec ce groupe. Car aujourd’hui, les ADF assassinent, pillent, volent. L’année dernière, ils ont tué plus de 1 200 civils selon les Nations unies, dans seulement deux provinces congolaises : le Nord-Kivu et l’Ituri.
Ces massacres répétés provoquent des déplacements de familles voire de villages entiers. Mangina, dans le Nord-Kivu, est devenue un refuge pour de nombreuses victimes de cette crise. Mais cette cité est elle aussi attaquée par les ADF.
Les visages scrutent le ciel lorsque les hélicoptères des casques bleus survolent un district périphérique de Mangina. « La population a tendance à avoir peur de ces hélicos » explique Bonane Kakule, le chef du quartier. Un quartier resté en alerte depuis la dernière attaque attribuée à quelques membres des ADF. Le 8 décembre dernier, ils sont arrivés en moto par la route qui fait face à son bureau.
« Ils ont attaqué et pillé la population lors de la première attaque, raconte Bonane Kakule. Ils sont arrivés par la route derrière et ont dévié vers le camp militaire jusqu'au village de Dara. Ils ont des pisteurs dans la localité. » Ce jour-là, le décès de cinq habitants a provoqué la panique à Mangina. Nombreux ont fui la ville provisoirement.
C’est le cas de Myriam. Ces derniers mois, elle a quitté son lieu d’habitation trois fois, par peur des attaques. « J’étais vraiment mal quand on a attaqué Mangina. Des gens ont été tués. Je suis partie jusqu’à Beni. Je suis revenue parce que c’est ici où je vis et où je trouve plus facilement à manger. »
Depuis novembre, ils sont un peu moins de 5 000 ménages à s’être réfugiés à Mangina, devenue ville d’accueil. Le président des déplacés, Kinyata Kikwaya, y est arrivé il y a six ans. Depuis, le comité qu’il a fondé ne cesse d’enregistrer de nouvelles familles qui fuient des hommes armés qu’ils appellent ADF. « Il y a eu au moins 3 800 déplacés en novembre, affirme Kinyata Kikwaya. D'autres sont venus en décembre. Presque tous les déplacés qui sont ici, sont venus de l'Ituri. Ils ont fui les ADF. Ils viennent seulement pour tuer. »
Leurs objectifs ne sont pas connus des populations qu’ils terrorisent. Selon les Nations unies, ils ont commis deux fois plus d’exactions l’année dernière qu’en 2020.
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