Reportage Afrique

Côte d'Ivoire: au lycée public de Bocanda, les défis de l'éducation secondaire en milieu rural

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Elle est l’une des priorités du gouvernement de Côte d’Ivoire : l'éducation. Dans un pays où plus de 40% de la population a moins de 18 ans, elle est en tout cas un enjeu de développement. Dans leur bilan des 15 dernières années, les autorités ivoiriennes mettent par exemple en avant la construction de plus de 600 nouveaux lycées et collèges publics, ainsi que des collèges de proximité. Les défis restent nombreux dans l’intérieur du pays, hors d’Abidjan, où les statistiques révèlent un taux de réussite au bac inférieur à 35% des inscrits à l’examen. Illustration au lycée moderne de Bocanda, dans une zone rurale du centre-est de la Côte d’Ivoire.

Cours de philosophie, dans une classe de terminale littéraire du lycée moderne de Bocanda.
Cours de philosophie, dans une classe de terminale littéraire du lycée moderne de Bocanda. © Benoît Almeras / RFI
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De notre envoyé spécial à Bocanda, 

Chaque matin, une marée humaine déferle sur la route. Uniformes kakis, robes bleues et blanches, des centaines d’ados marchent jusqu’au lycée de Bocanda. Mais pour cette rentrée scolaire, cet élève de terminale ne traîne plus les pieds : « L’année passée, les bâtiments étaient endommagés, mais cette année, on constate un nouveau changement au niveau des bâtiments, des salles de classe, la cour du lycée même, ça nous plaît. »

Car pendant les vacances, le lycée a été réhabilité, une première depuis sa création en 1978. Les classes sentent la peinture fraîche, les tables-bancs sont neuves, tout comme les tableaux. « Quand c’est beau, les enfants sont heureux de venir à l’école, ils sont heureux d’être là ! », se réjouit le proviseur, Doulaye Silué. Il supervise près de 3 500 élèves. Des chantiers, ce chef d’établissement en a d’autres dans le deuxième plus grand lycée de la région du N’Zi.

Des défis persistants

Il y a les classes très chargées : « Les sixièmes sont les plus nombreux, en moyenne, on peut avoir 60 à 65 élèves. » Il y a la pauvreté des familles : « La plupart de nos enfants viennent des villages environnants. Les parents n’ont pas les moyens comme ailleurs. » Et le manque de profs : « Les matières scientifiques, y a eu un manque. On ne peut pas laisser les enfants sans enseignants. »

Célestin Koffi préside le Comité de gestion du lycée. Le Coges a pu recruter des vacataires cette année, mais ce parent d’élève assure avoir toujours connu des pénuries d’enseignants depuis 20 ans à Bocanda : « Quand vous passez trois ans sans avoir de professeur dans des matières spécifiques comme les mathématiques, l’anglais, même souvent le français, il va sans dire que c’est une formation au rabais qui a des conséquences à la fin du cycle : il y a beaucoup d’échec. »

Un espoir fragile

En 2025, le taux de réussite au baccalauréat était de 24% des inscrits – deux points de moins que la moyenne de la région du N’Zi. Des résultats en progrès relatifs. La direction régionale de l’éducation nationale entend « renforcer la pédagogie » pour améliorer les taux de réussite. Le problème est plus large pour le proviseur Doulaye Silué : « Il y a la pédagogie, et il y a l’environnement. Un enfant quand il vient à l’école, quant à midi il n’a pas eu à manger, imaginez un peu demain matin… C’est un tout pour que les enfants réussissent, qu’ils aient de bons résultats. »

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