Reportage Afrique

Kenya: la montée des eaux du Lac Turkana a rendu la pêche difficile [5/5]

Publié le :

Avec une superficie de plus de 7 000 km2, le lac Turkana, dans le nord du Kenya abrite une riche biodiversité. Et notamment de nombreux poissons, dont les communautés sur ses berges dépendent pour vivre. Mais voilà, avec cette montée des eaux, ces dernières années, la pêche est devenue plus difficile.

Des pêcheurs qui démêlent leurs filets sur la plage de Kalokol, au bord du lac Turkana.
Des pêcheurs qui démêlent leurs filets sur la plage de Kalokol, au bord du lac Turkana. © Albane Thirouard/RFI
Publicité

De notre envoyée spéciale dans le Turkana,

Au bord de l’eau, les bateaux s’accumulent, remplis de filets. À côté, des poissons sèchent au soleil. À Kalokol, sur la rive du lac Turkana, la pêche est omniprésente. Source précieuse de revenus, elle est toutefois de plus en plus difficile. Carlistas Lokolita est pêcheur depuis quatorze ans.

« Le niveau de l’eau ici a commencé à augmenter en 2019. À partir de ce moment-là, on a remarqué qu’il y avait de moins en moins de poissons dans le lac, raconte-t-il. Avant, on pouvait en attraper une centaine par jour, maintenant c’est entre 20 et 25. Un quart de ce qu’on avait avant ! Tiens, voilà justement la pêche du jour. »

Juste à côté, sur la plage, un autre pêcheur est en train de rassembler ses poissons. « Je les étale pour que l’on puisse bien les voir. Voilà… Quatorze, en une matinée de pêche. »

À lire aussi : Kenya: dans le Turkana, la sécheresse entraîne l'insécurité alimentaire

Les pêcheurs ont investi dans des filets transparents pour tenter d’attraper plus de poissons. Mais les arbres de l’ancien rivage compliquent la tâche.

« Vous voyez les arbres là, les poissons se cachent en dessous, explique Carlistas Lokolita. Là où on ne peut pas mettre de filets. Mais on continue d’essayer de pêcher quelque chose parce qu’il n’y a rien à manger sinon. »

Samson Loperito est le président de l’autorité chargée de superviser cette plage. La situation le désespère. « Il n’y a pas de solution, on ne peut rien faire. Les pêcheurs continuent de mettre les filets et attendent. Ceux qui ont de plus gros bateaux, avec des moteurs et de bons équipements peuvent aller plus loin, là où il n’y a pas d’arbres, explique Samson Loperito. Mais ceux avec des petits bateaux sont obligés de rester au bord du rivage, où il y a des arbres désormais. Ils sont donc plus affectés. »

Un écosystème en danger

L’écosystème du lac est de plus en plus perturbé par ces variations importantes du niveau de l’eau. Silvia Leirião a participé au projet d’étude du bassin du Lac Turkana coordonné par le programme des Nations unies pour l’environnement.

« Les espèces que ces communautés pêchent sont très sensibles au changement. Elles sont directement affectées par l’écosystème dans lesquelles elles évoluent, souligne Silvia Leirião. Et ces écosystèmes changent selon la qualité de l’eau et la période de l’année. Les fluctuations saisonnières et l’ampleur de ces variations sont donc des facteurs très importants pour ces poissons. »

La montée des eaux autour du lac n’a pas seulement affecté la pêche. Les inondations ont aussi détruit des habitations et des infrastructures qui permettaient la mise sur le marché des poissons. Et ont rallongé les distances à bateau entres les différents villages.

►À lire aussi:  Kenya: dans le Turkana, les femmes s'organisent pour subvenir à leurs besoins [3/5]

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes