Reportage Afrique

Soudan: à Khartoum, une réserve pour abriter les oiseaux exotiques

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À Khartoum, la réserve Marshall abrite une centaine d'oiseaux exotiques. Une curiosité située en plein cœur de la capitale, qui connaît ces dernières semaines des records de chaleur et dont les rues sont régulièrement traversées par des cortèges de manifestants contre le pouvoir militaire. Menacé par les gaz lacrymogènes, cet îlot de fraîcheur attire tout de même bon nombre de visiteurs, qui viennent découvrir à l'ombre d'une végétation luxuriante les perruches et les perroquets rares choyés par le docteur Akram Yehia.

Le propriétaire de la réserve Marshall pour oiseaux exotiques de Khartoum, Akram Yehia, avec des pensionnaires du sanctuaire.
Le propriétaire de la réserve Marshall pour oiseaux exotiques de Khartoum, Akram Yehia, avec des pensionnaires du sanctuaire. © AFP PHOTO / Khartoum Marshall Nature Reserve
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De notre correspondant au Soudan,

C’est un trou de verdure où chante une centaine d’oiseaux. Treize espèces différentes gazouillent d’une branche à l’autre, sous le regard amusé du docteur Akram, casquette vissée sur la tête, un volatile orange agrippé à son épaule. Ce passionné a vendu sa pharmacie pour fonder cette réserve unique à Khartoum.

« Ce projet a mis six ans à aboutir. Pendant trois ans, j’ai effectué des recherches sur les oiseaux. Comment telle ou telle espèce peuvent cohabiter dans un même endroit. Ensuite, il fallait que j’étudie comment je pouvais recréer un écosystème, un environnement propice. La plupart des oiseaux ici sont des perruches. À collier, à croupion rouge, certains sont indiens ou africains. Le gros perroquet gris, c’est un perroquet du Gabon. »

Régulièrement, des écoliers viennent visiter les lieux. Dans de grands bruissements d’ailes, les oiseaux viennent leur picorer dans les mains. S’ils font le bonheur des uns, d’autres sont terrifiés.

« Environ 80 % des enfants qui viennent ici ont peur des oiseaux. C’est leur première expérience avec des oiseaux. Notre but, c’est d’éduquer les générations qui viennent aux sciences naturelles et à l’environnement, explique Akram Yehia. Il faut que les enfants le protègent. Toute la planète fait face au réchauffement et au dérèglement climatique. S’immerger dans cette réserve peut donc les sensibiliser à ce qui nous entoure. »

Un sanctuaire menacé par les gaz lacrymogènes

Le docteur Akram a tout fait pour reproduire un environnement au plus proche de l’habitat naturel de ses protégés. Pourtant, ce havre de paix est construit au cœur d’une capitale tourmentée. Chaque semaine, des manifestations sont violemment réprimées par le pouvoir militaire en place et des nuages de gaz lacrymogènes envahissent la ville.

« Le gaz lacrymogène tue toutes les espèces d’oiseaux qui nichent près des lieux de manifestations. Dans plusieurs quartiers, les gens qui ont des oiseaux les ont retrouvés morts. Notre réserve est centrale et le gaz est emporté par le vent. Heureusement, nos brumisateurs permettent de réduire ses effets. Bien sûr, lorsqu’il y a des manifestations, les rues sont bloquées et je ne reçois aucun visiteur », déplore Akram Yehia.

Autre menace qui plane sur la réserve : l’inflation galopante qui rend sa gestion difficile. Le docteur Akram ne reçoit aucun financement public. Il déplore le désintérêt des autorités soudanaises pour la conservation et la protection de la faune et la flore.

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