La Tunisie veut préserver et valoriser ses semences paysannes
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En Tunisie, une poignée de producteurs se bat pour préserver les semences paysannes, des semences locales parfois disparues ou oubliées, connues pour être plus résistantes aux aléas climatiques et adaptées au terroir. Le secteur agricole en Tunisie est composé à 70% de petits agriculteurs. Avec la guerre en Ukraine et l’impact de la fermeture des frontières pendant la pandémie, le débat autour des semences paysannes est d’actualité, il renvoie aussi à la question de la souveraineté alimentaire.

De notre correspondante à Tunis
« Ça, c’est un figuier de nos ancêtres ». Dans son jardin de la campagne de Kairouan au centre de la Tunisie, Saïd Youssef, agriculteur depuis 40 ans nous emmène sur le chemin de ses ancêtres à travers ses arbres fruitiers : « Un abricotier qui a 70 ans.»
Passionné par l’arboriculture, Saïd Youssef cultive les semences paysannes de sa famille, transmises de père en fils, des semences locales : « J’ai des graines de blé de 1970, “Khamaya”, mais je distribue tout. Moi, je ne m’en occupe pas, je donne aux agriculteurs un kilo et je fais le suivi, c’est-à-dire le savoir-planter, le savoir irriguer. »
En distribuant ses semences paysannes à d’autres agriculteurs pour les multiplier, Saïd Youssef participe à un nouveau mouvement, encore à ses débuts en Tunisie. Des agriculteurs et chercheurs qui veulent revenir à des graines mieux adaptées au climat tunisien qui consomment moins voire aucun engrais afin d’éviter aux petits agriculteurs les coûts des intrants, de plus en plus élevés.
Favoriser la production locale
Rim Mathlouthi est parmi les organisatrices de la fête des semences paysannes qui se tient chaque année en Tunisie depuis six ans. « Quand est-ce que qu’une graine devient locale ? C’est quand elle est plantée localement et qu’elle s’est adaptée, explique l’organisatrice, mais aujourd’hui il y a un vrai réseau national et grâce aux réseaux sociaux les gens s’échangent des graines. »
La Tunisie comme le reste du monde a perdu environ 80% de sa biodiversité, et le pays est très dépendant de l’importation notamment pour le blé. « Demain si le prix du blé continue à augmenter, la Tunisie n’aura plus les moyens d’en acheter. Nous ne sommes pas souverains, nous importons des pommes de terre alors que nous pouvons très bien en planter. C’est une politique agricole qui existe en Tunisie contre laquelle nous nous battons en disant non, nous avons l’espace nous avons les terrains, nous avons la main d’œuvre, nous avons les compétences pour pouvoir nourrir notre pays. Essayons ! »
Aujourd’hui, face à l’augmentation du prix du blé après la guerre en Ukraine, la Tunisie comme d’autres pays, veut favoriser une production locale, mais le combat pour la restauration des semences paysannes reste une bataille de longue haleine
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