Gambie: à Banjul, la rénovation urbaine pour parer aux inondations ne fait pas l'unanimité
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Cet été, les précipitations ont atteint des niveaux records à Banjul et poussé des milliers de personnes à quitter leur domicile temporairement. Les autorités gambiennes ont lancé des grands travaux de rénovations du système d’écoulement des eaux il y a trois ans, mais les rénovations peinent à convaincre du côté des habitants.

De notre correspondant à Banjul,
Dans le centre de Banjul, au marché Albert, Olimatou Jallow, vendeuse de 45 ans, nous montre les dégâts que les dernières inondations ont provoquées sur son étal. « La plupart de nos produits ont été abîmés parce qu’on les pose sur le sol, depuis j’ai emprunté une table pour pouvoir mettre mes affaires dessus. Si j’avais un autre business, je quitterais Banjul », dit Olimatou Jallow. Devant son échoppe, la petite ruelle a été défigurée par le passage de l’eau.
De l’autre côté de Banjul, le long de la tobacco road, l’un des quartiers les plus touchés par les inondations cet été, Saine Demba, 75 ans, se remémore le moment où l’eau a envahi sa maison : « Cette fois-ci il n’y avait pas tellement d’eau, mais l’eau ne pouvait pas sortir par les canalisations. L’eau s'est infiltrée dans la maison, et c’était impossible de la faire sortir, elle continuait d’entrer. »
Des remplacements tardifs
Un peu plus loin, sur l’une des principales routes de la ville, une canalisation est éventrée et vidée par des ouvriers. L’ingénieur chargé de la supervision du projet pour le ministère des travaux publics, Matar Ceesay, explique : « Nous sommes actuellement sur la route de box bar où les travailleurs enlèvent les débris et réalise le désensablement des canalisations. »
Ici, comme sur la plupart des grands axes de Banjul, la route a déjà été rénovée et les canalisations sont vidées et nettoyées. Mais ce qui a posé problème lors des pluies record cet été, ce sont les stations de pompages des eaux.
Sur le polder de la bond road au sud de Banjul, a plupart des eaux de pluies sont censées converger, avant d'être déversées vers la mer. Mais ici le remplacement des pompes vétustes est arrivé trop tard. « Nous avions prévu d’installer les nouvelles pompes pour la fin du mois d’août, mais malheureusement, les pluies sont arrivées plus tôt, et les pompes n’étaient pas encore installées », avance Matar Ceesay.
Des erreurs qui passent mal
Les pompes en question ont depuis été installées, et permettent actuellement d’évacuer près de 2 millions de litres d’eau par heure. Mais du côté associatif, cette erreur de calendrier passe mal. Amadou Wurry Jallow fait partie du collectif ARR Banjul, un groupe de jeunes qui luttent pour la préservation de la capitale.
Pour lui, « ce n’est pas le résultat des pires pluies que nous ayons vécues dans notre histoire, c’est à cause du blocage du polder que nos communautés ont vécu les pires inondations de leur histoire », souligne Amadou Wurry Jallow.
Initialement prévue pour 2022, la fin des travaux a été replanifiée en 2024. Le coût total du chantier à ce jour est autour des 26 millions de dollars.
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