Reportage Afrique

Gambie: les premiers sous-vêtements fabriqués dans le pays

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Fabriquer des sous-vêtements en Gambie : c’est le défi que s’est posé Elizabeth Gomez, membre de la diaspora gambienne en Suède, en 2016. L’objectif : créer une alternative face aux produits de mauvaise qualité ou issus du marché de la seconde main en Europe tout en ayant un impact social. Six ans plus tard, la marque Facil compte un atelier, dix employées, et vient d’ouvrir son premier magasin près de Banjul. Coup d’œil sur cette entreprise 100% féminine. 

Une employée de Facil dans les locaux de l'entreprise à Kanifing.
Une employée de Facil dans les locaux de l'entreprise à Kanifing. © Milan Berckmans / RFI
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Avec notre correspondant à Banjul, 

À Kanifing, au dernier étage d’un grand bâtiment situé dans une zone industrielle, une dizaine de jeunes femmes découpent du tissu et le cousent à l’aide de machines sophistiquées. Ramatoulie Tamben, 29 ans, dirige la production dans l’atelier. Elle montre l’un des principaux modèles de sous-vêtements. « Ici, j'ai un boxeur pour femme, c’est un sous-vêtement de sport très confortable, avec un élastique et des coutures en surjeté » explique-t-elle. 

La machine à surjeter, qui permet de joindre deux tissus rapidement, est une machine très rare en Gambie. Pour ces jeunes femmes qui ont quitté leur centre de formation il y a cinq ans, il a fallu s’adapter à toutes ces nouvelles techniques. Ngoneh Njie, 22 ans : « Nos professeurs nous ont appris à faire les vêtements locaux, mais quand on arrive ici, ce qu’on fait est totalement différent ». 

En plus des nombreuses machines fournies par la créatrice de Facil, Elisabeth Gomez, les tissus ont été sélectionnés avec des critères d'éthique et de durabilité, principalement en Espagne, au Portugal et en Turquie.  Ces dix jeunes femmes, employées à temps plein par la marque Facil, gagnent un peu plus de 4 000 dalasis par mois, soit environ 80 dollars. Un salaire relativement bas, mais qui inclut plusieurs jours de congés payés ainsi que des congés maternels.

Et puis, pour ces jeunes femmes, fabriquer les tout premiers sous-vêtements gambiens, c’est aussi une fierté. « Travailler pour une compagnie qui produit quelque chose d’aussi unique et beau que ce que l’on produit, observe Ramatoulie Tamben, on est heureuses et très fières de nous-mêmes. » 

Une volonté « d'acheter noir »

De l’autre côté de la ville, dans le quartier de Sanchaba, le tout premier point de vente a ouvert ses portes depuis peu. Avec son mobilier en bois, ses emballages en carton et ses prix plutôt élevés pour le pays, à partir de cinq dollars environ pour un sous-vêtement, l’enseigne vise une clientèle plus aisée. « On essaie d’attirer les Gambiens de moyen à haut revenus » affirme Khaddija Jobe, responsable marketing.  

Khaddija Jobe explique les raisons qui ont poussé la créatrice, Elisabeth Gomez, à se lancer dans la production de sous-vêtements : « [Elle] vit en Suède, mais évidemment elle a remarqué cette tendance des gens à demander à ceux qui voyagent de leur acheter des boxers, des sous-vêtements ou des t-shirts très simples. Et donc elle s’est dit : ‘pourquoi est-ce qu’on ne produirait pas ça en Gambie ?’ » 

Si ce premier magasin peine encore à attirer les clients en Gambie, la marque a déjà su séduire en ligne, notamment aux États-Unis et dans la diaspora gambienne à l’étranger. Khaddija Jobe décrit un intérêt prononcé pour l'entrepreneuriat des femmes noires africaines :

Il y a évidemment un mouvement ‘d’acheter noir’, d’acheter à des entreprises dirigées ou détenues par des femmes, d’acheter directement de l’Afrique. Donc, il faut être capable de participer à cette narration, et de vendre Facil exactement pour ce qu’elle est. 

Cette entreprise qui grandit doucement, c’est aussi une façon pour ces femmes de la diaspora de montrer qu’il est possible de revenir et d’investir dans son pays. 

► Facil : le site internet et le profil Instagram 

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